Avec notre correspondant à San Francisco, Eric de Salve
Elles n’ont pas eu droit à un procès, mais les victimes présumées de Jeffrey Epstein ont tout de même été entendues par la justice fédérale dans un tribunal de Manhattan mardi pendant plus d’une heure.
« Dans cette affaire, la justice n’a jamais été rendue », lance l’une des accusatrices de Jeffrey Epstein au tribunal. Une allusion à l’accord très clément conclu par le milliardaire avec le procureur de Floride devenu ministre du Travail de Donald Trump, un de ses nombreux puissants amis.
À l’époque, cet accord lui avait permis de ne faire que treize mois de détention en semi-liberté pour agressions sexuelles sur mineurs. Puis vient son suicide en prison le 10 août qui lui permet d’échapper à son procès. « En se suicidant, il m’a agressée une seconde fois », raconte une autre, particulièrement frustrée qu’Epstein leur ait volé ce procès. « Pour cela, c’est un lâche », dit-elle.
Dans ce moment cathartique, chacune raconte le traumatisme, la détresse, l’emprise et les relations sexuelles forcées contre de l’argent alors qu’elles étaient encore mineures.
L’une d’elles dit aussi la solidarité des victimes : « Je suis chacune de celles auxquelles il a fait ça. Elles sont toutes moi. Aujourd’hui, nous sommes ensemble ».
C’est le juge Richard Berman qui avait tenu à leur donner la parole avant d’annuler formellement ce procès pour agressions sexuelles de dizaines jeunes filles, certaines âgées de 14 ans entre 2002 et 2005.
Durant l’audience, plusieurs d’entre elles se sont tournées vers la procureure pour demander des poursuites contre les nombreux complices présumés. Aucune procédure n’est encore lancée aux États-Unis.