C'est un nouvel acte de défiance envers le gouvernement français qui avait enjoint le président brésilien à respecter les accords de Paris sur le climat. Alors qu’il devait rencontrer lundi Jean-Yves le Drian, poids lourd du gouvernement français, pour parler environnement, le président brésilien s’est montré tour à tour provocateur et humiliant.
Avant la rencontre, il déclarait que le ministre français des Affaires étrangères ne devrait pas lui manquer de respect et que jamais il ne se soumettrait aux bons vouloirs de la France. Lundi 29 juillet, lors d'une rencontre avec son homologue brésilien, Jean-Yves Le Drian avait rappelé « l'importance de la décision prise par M. Bolsonaro de maintenir le Brésil dans l'accord de Paris sur le climat et de le mettre en oeuvre rapidement ».
En annulant le rendez-vous, le chef de l’État a envoyé un cinglant message. Prétextant des problèmes d’agenda, il s’est affiché sur les réseaux sociaux quelques minutes plus tard chez le coiffeur.
En juin dernier, lors du G20 d’Osaka au Japon, le président Macron avait contraint le président brésilien à s'engager à respecter l'accord de Paris sur le climat, faute de quoi Paris ne signerait pas le futur traité de libre-échange avec les pays du Mercosur, l’Argentine, le Brésil, l’Uruguay et le Paraguay. C'est cet ultimatum qui a fortement déplu à Jair Bolsonaro qui semble avoir oublié sa promesse.
L'accord de libre-échange UE-Mercosur prévoit notamment un engagement des deux parties à lutter contre le changement climatique et contre la déforestation.
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Lundi, Matignon a annoncé la création d'une commission d'évaluation française constituée de dix experts sur ce projet d'accord commercial, qui doit être approuvé par les Parlements des pays signataires.
Face à la «liberté économique», la protection de l'environnement ne pèse pas lourd
Depuis son investiture, le président brésilien au nom de la « liberté économique », se montre complaisant envers les acteurs anti-environnementaux. Tout en martelant que l'Amazonie appartient au Brésil, il se plaint des contraintes imposées par la législation sur les réserves autochtones, les déclarant un « frein à l’industrie agroalimentaire » et multipliant les incitations à développer des projets miniers dans des zones protégées.
Samedi, alors que la mort du cacique Waiapi venait d’être confirmée, le chef de l’État, est revenu à la charge au sujet de la réserve des Yanomami, à la frontière avec le Venezuela. Une « terre richissime » qu’il conviendrait d’exploiter, a-t-il déclaré, ajoutant qu'il était en quête de « contacts au sein du premier monde pour explorer ces zones en partenariat. » Plus de 6 000 hectares de forêts auraient été détruits depuis le début de l'année.