Avec nos envoyés spéciaux à Caracas, Oriane Verdier et Boris Vichith
Ce sera un paquet de pop-corn et une bouteille d’eau pour Maria Fernanda. Elle le sait, elle est chanceuse, en tant que Vénézuélienne, de pouvoir encore se payer une place de cinéma et de quoi nourrir sa gourmandise.
« Un salaire mensuel permet de payer deux paquets de pop-corn et deux sodas. Je représente un pourcentage minime de cette société qui est très fortunée. Mais en réalité la situation peut t’affecter à n’importe quel moment. À tout moment, on peut te tuer », explique Maria.
Avec l’enlisement du pays dans la crise, les rues de Caracas sont devenues dangereuses. Beaucoup de Vénézuéliens préfèrent donc rester chez eux pour éviter de se faire braquer, voire pire, séquestrer.
Bernardo Rotundo tente malgré tout de motiver ses concitoyens à continuer à se cultiver. Dans ce cinéma, à travers son association, il organise par exemple des festivals de films étrangers.
« Si les gens n’ont pas de véhicules, ils ne peuvent pas se déplacer. Il y a aussi la question de la sécurité. Ils ont peur et c’est justifié. Et puis, il y a le coût du cinéma. Mais nous essayons de développer des initiatives, parce que tant qu’on aura accès à la culture et qu’on aura une attitude critique et de réflexion autour du cinéma, on pourra de la même manière avoir une attitude critique et réfléchie sur ce qui est en train de se passer dans le pays », estime-t-il.
Bernardo Rotundo organise des projections en plein air dans différents quartiers de Caracas. Il tente également de monter des clubs de cinémas. Sa manière à lui de lutter contre la fermeture en série de lieux culturels ces dernières années au Venezuela.
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