De nos envoyés spéciaux à Caracas, Boris Vichith et Oriane Verdier
Dans une chambre éclairée uniquement par la lumière du jour, Eudelina s’estime chanceuse. Elle est très affaiblie par le sida qui la ronge, mais les médecins sont arrivés à se procurer un traitement efficace pour la soigner. Un luxe en ces temps de pénurie. Aujourd’hui son inquiétude est ailleurs: « Ma fille a aussi le sida. Elle est enceinte. Il faut lui faire une césarienne parce que le bébé est sain. Il n’est pas contaminé ni rien. Donc pour être sûre qu’elle soit en bonne santé, il faut le faire sortir comme ça ».
A côté d’elle le docteur Saavedra comprend ses craintes. Il est de plus en plus compliqué pour les médecins de soigner leurs patients: « En ce moment, il est très compliqué de planifier une césarienne normalement alors qu’il n’y a pas d’eau courante pas d’électricité, pas de matériel pour le bloc opératoire, pas de gant, pas d’équipement, d’instrument chirurgical pour faire une césarienne. C’est difficile. »
Suite au manque d’entretien de l’hôpital de nombreuses chambres et blocs opératoires ont dû être fermés. Tout manque, même les ampoules. La nuit, l’obscurité s’empare des couloirs. Le docteur Saavedra tente alors de rester enfermé dans sa chambre car certains de ses collègues se sont faits braquer en se rendant au chevet de patient.