De notre correspondant à Quito
Plus de 2 millions de dollars, environ 1,8 million d’euros, c’est ce que va devoir payer l’entreprise de travaux publics R&G qui construit ou plutôt construisait un hôtel Four Points de la chaîne Sheraton à Cuzco sous un système de franchise. Le 5 avril dernier, la compagnie a d’ailleurs été sanctionnée non pas une, mais deux fois. La première pour avoir détruit quatre murs incas de plus de 500 ans et l’autre pour avoir enfreint les règles d’urbanisme qui limitent les constructions à 2 étages dans le centre historique de Cuzco. L’entreprise est accusée d’avoir porté atteinte au patrimoine péruvien.
L'entreprise pointe la responsabilité de la municipalité
Elle conteste. Ses raisons sont assez techniques. Selon sa représentante Eliana Ruiz, aucun mur original n’a été détruit lors de la construction des fondations de l’hôtel. Il s’agissait selon elle d’un mur construit avec des pierres réutilisées, donc d’un ensemble n’ayant pas vraiment de valeur culturelle ou archéologique. La compagnie affirme qu’elle a d’ailleurs reconstitué le mur. Quant au fait d’avoir construit sept étages au lieu des deux autorisés dans cette zone de la ville, l’entreprise R&G affirme qu’elle ignorait cette disposition du plan d’urbanisme et qu’elle n’avait pas à le savoir. Elle en rend coupable la mairie de la ville qui selon elle n’aurait pas dû accepter son permis de construire.
Un patrimoine à protéger
La crainte de la section péruvienne du Conseil international des monuments et sites, c'est que le statut du centre historique de Cuzco de Patrimoine mondial de l'humanité soit menacé. Cette organisation conseille l’Unesco en ce qui concerne le patrimoine mondial. Selon les experts péruviens du groupe, les sept étages de l’hôtel cassent le profil et le style architectural du centre de Cuzco où les édifications ne dépassent pas les deux étages. Il s’agit en tout cas de la conclusion d’une vieille histoire puisque la construction de l’hôtel avait été paralysée en 2016 alors qu’elle était presque terminée. Au nom de la défense du patrimoine de la zone monumentale de Cuzco, le ministère de la Culture a indiqué que l’hôtel devait être remis aux normes, en d’autres termes que la compagnie va devoir démolir les cinq étages de trop.