Brésil: une juge annule l'interdiction des commémorations du coup d'Etat

Au Brésil, une juge d'une cour d'appel a annulé ce samedi 30 mars la décision prise la veille par une autre magistrate qui interdisait la commémoration du coup d'Etat militaire de 1964.

Pour la juge Maria do Carmo Cardoso, le message du ministre brésilien de la Défense qui doit être lu dans les casernes en commémoration du coup d'Etat militaire de 1964 « ne contient aucune connotation (...) de violation de la mémoire et de la vérité (...) ni aucun affront à l'Etat de droit démocratique ».

« Je ne vois aucune violation des droits de l'homme, d'autant plus que des manifestations similaires ont eu lieu dans des casernes lors des années précédentes, sans aucune conséquence négative pour la collectivité », a conclu la magistrate de la cour d'appel TRF1 dans une décision à laquelle l'Agence France-Presse a eu accès.

Lundi 25 mars, le porte-parole de la présidence avait annoncé que le président d'extrême droite Jair Bolsonaro avait ordonné que le 55e anniversaire du coup d'Etat de 1964 soit célébré « comme il se doit » dans les casernes du pays.

Face au tollé provoqué par cette annonce, le président Bolsonaro, qui a toujours fait l'éloge de la dictature militaire, a nuancé ses propos jeudi, affirmant qu'il ne s'agissait pas de « commémorer, mais de se remémorer » cet épisode de l'histoire brésilienne.

« Pluralisme d'idées »

Le lendemain, la juge de Brasilia Ivani Silva da Luz avait néanmoins interdit une telle commémoration, estimant qu'elle n'était « pas compatible avec le processus de reconstruction démocratique ». « Après des années de luttes politico-idéologiques, de résistance démocratique et de reconquête de l'Etat de droit, qui ont abouti à la promulgation de la Constitution fédérale de 1998, il est attendu de la concorde, de la sérénité et de l'équilibre de la part des institutions », avait écrit la magistrate dans sa décision.

L'Etat brésilien avait alors déposé un recours, plaidant que « l'Etat de droit démocratique est fait d'un pluralisme d'idées ». Un argument que la juge Carmo Cardoso a donc jugé recevable. Des cérémonies militaires célébrant les 55 ans du Coup d'Etat qui a instauré une dictature de 21 ans au Brésil ont déjà eu lieu dans plusieurs régiments jeudi et vendredi, avec la lecture du message du ministre de la Défense, qui évoquait la nécessité de faire « rempart contre le totalitarisme ».

Sous le mot d'ordre « Plus jamais de dictature », des manifestations sont prévues dimanche dans plusieurs villes brésiliennes. Selon un rapport publié en 2014 par la Commission nationale de la vérité, 434 assassinats ont été perpétrés au cours des 21 ans de régime militaire, sans compter les centaines de détentions arbitraires et cas de torture d'opposants.

(Avec AFP)

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