Ivan Duque ne s’en cachait pas : selon lui l’accord de paix signé en 2016 après des années de discussions est trop laxiste envers les ex-guérilleros. C’est la raison pour laquelle il compte modifier 6 des 159 articles qui régulent la JEP, la justice transitionnelle, véritable colonne vertébrale de l’accord de paix signés en 2016. Il l'a annoncé dimanche dernier à l’occasion d’une allocution télévisée: il présentera devant le Parlement des objections sur ces 6 articles.
Une initiative qui a soulevé un tollé dans les rangs des anciens négociateurs, que ce soit du côté de l’ex-guérilla des FARC ou des négociateurs du précédent gouvernement de Juan Manuel Santos qui ont transmis un courrier à Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations unies.
Pour Nestor Rosania, directeur du Centre d’études en sécurité et paix, joint par la rédaction en langue espagnole de RFI, cette initiative d’Ivan Duque pose deux véritables problèmes. « Cela démontre que l’Etat colombien n’a pas de parole et que ce qui a été développé ce ne sont pas des politiques d’Etat mais des politiques de gouvernement. C’est un très mauvais signal adressé à la communauté internationale, nous explique t-il.
Deuxièmement : cela va laisser des traces en cas de futures négociations, que ce soit avec l’ELN, l’armée de libération nationale, ou avec n’importe quel autre groupe, qui, une fois qu’ils seront assis à une table de négociation, ne disposeront plus de garanties juridiques ni de certitudes. »
L’accord de paix signé en 2016 bénéficie du soutien de l’ONU. A l’heure actuelle il a permis le désarmement de près de 7.000 guérilleros et évité la mort de quelque 3000 personnes par an. D’où ce courrier adressé à Antonio Guterres, une sorte d’appel à l’aide pour faire en sorte que cet accord, qualifié d’historique et d’exemplaire, ne soit pas décortiqué et dénaturé.
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