« Retour triomphal », titre le quotidien d’opposition El Nacional dans son éditorial. Diosdado Cabello, numéro deux du régime chaviste, avait sarcastiquement promis « un accueil spécial à Juan Guaido. Et l’accueil fût en effet spécial, mais d’une toute autre nature que celui probablement imaginé par monsieur Cabello », ironise le journal. Au lieu d’une arrestation « c’est l’acclamation du peuple de Caracas et l’écho des manifestations massives dans toutes les villes du Venezuela qui ont souhaité la bienvenue à Juan Guaido ».
« Le pari réussi du jeune dirigeant de l’opposition vénézuélienne lui a permis de renforcer son leadership », estime aussi Tal Cual. « Juan Guaido a démontré qu’il était capable de joindre les actes à la parole et d’assumer avec courage tous les risques qu’implique le rôle qu’il a accepté d’endosser. Ce faisant, il ne fait que renforcer sa crédibilité dans la lutte pour le changement », souligne le journal.
Comment expliquer que le régime chaviste, contrairement à ce qu’il avait annoncé, n’ait finalement pas procédé à l’interpellation de Juan Guaido ? « Le directeur de l’institut de sondage Datanalisis, Luis Vicente León, estime que l’entrée de Juan Guaidó dans le pays sans être arrêtée lundi pourrait indiquer l’intention du gouvernement d’engager des négociations », pointe aujourd’hui El Universal. "Le fait que le gouvernement lui permette d’entrer, sans l’appréhender, répond évidemment à la pression, mais cela semble aussi indiquer le début d’une négociation, locale et internationale, sans que les détails ne soient encore clairs", a écrit Luis Vicente León sur son compte Twitter.
Le quotidien argentin de gauche Pagina 12 écrit : « L’objectif de Guaidó était de démontrer qu’il était capable de quitter le pays pour s’assurer du soutien de la communauté internationale et d’y revenir. Ce qu’il a réussi. Le gouvernement de Nicolas Maduro a quant à lui réussi à éviter le moindre d’incident. Le rapport de forces reste donc inchangé ».
Coup de tonnerre au Canada : une deuxième ministre du gouvernement de Justin Trudeau démissionne
Jane Philpott, ancienne ministre de la Santé puis des Affaires autochtones et depuis janvier responsable du Conseil du Trésor « a démissionné du cabinet au motif qu’elle a perdu confiance dans le gouvernement à cause de l’affaire SNC-Lavalin », explique Le Devoir. Le journal québécois rappelle les faits : SNC-Lavalin est une entreprise québécoise de BTP. Depuis 2015, elle est accusée de corruption pour avoir versé 48 millions de dollars canadiens de pots-de-vin à des responsables libyens du temps du dictateur Mouammar Kadhafi, entre 2001 et 2011, pour décrocher d’importants contrats dans ce pays.
Il y a trois semaines, la ministre canadienne de la Justice, Jody Wilson-Raybould, a démissionné. Elle a accusé le Premier ministre Justin Trudeau et son entourage de l’avoir mise sous pression pour intervenir dans cette affaire de SNC-Lavalin et obtenir du procureur qu’un accord extra-judiciaire soit trouvé afin que l’entreprise échappe à une condamnation. Ce que Jody Wilson-Raybould a refusé de faire.
Et hier donc, une deuxième ministre quitte le gouvernement. Le journal Le Devoir cite un passage de la lettre de démission de Jane Philpott qui écrit : « Les principes en jeu ici sont l’indépendance et l’intégrité de notre système judiciaire. C’est avec tristesse que je dis avoir perdu confiance dans la manière dont le gouvernement a géré ce dossier ». Lors d’un rassemblement à Toronto, « Justin Trudeau a reconnu hier soir que les événements des dernières semaines avaient suscité "des conversations importantes", comme il dit, sur le fonctionnement des institutions canadiennes. "Les inquiétudes de cette nature doivent être prises au sérieux" », a estimé le chef du gouvernement canadien.
Le coup est rude pour le Premier ministre alors que des élections législatives sont prévues en octobre. Les démissions de Jane Philpott et Jody Wilson-Raybould s’expliquent certes par « l’ingérence présumée de Justin Trudeau dans la poursuite judiciaire de l’entreprise SNC-Lavalin pour corruption », estime le journal The Globe and Mail. « Mais les démissions de ces deux membres éminents de son cabinet, qui lui ont été particulièrement proches, mettent surtout en cause le caractère du Premier ministre, son engagement et sa capacité à diriger ». Et l’éditorialiste de conclure : « Nous assistons au début d’une guerre civile politique à laquelle Monsieur Trudeau risque de ne pas survivre ».
Haïti : tensions autour du défilé de carnaval aux Cayes
En raison des manifestations contre le gouvernement, la corruption et la vie chère - qui avaient bloqué en février une grande partie du pays - le Carnaval a été annulé dans plusieurs villes haïtiennes. Mais aux Cayes, les festivités ont finalement bien eu lieu.
C’est là, dans la troisième plus grande ville d’Haïti, située à 200 kilomètres au sud de Port-au-Prince, que s’est produit l’ancien président et chanteur Michel Martelly. Mais le défilé carnavalesque de dimanche a été accompagné de vives tensions, constate l’agence Alterpresse. Le char de « Sweet Micky », le nom d’artiste de l’ex-chef de l’État, a « essuyé à plusieurs reprises des jets de pierres. Plusieurs personnes ont été blessées ».
De manière générale le défilé aux Cayes était bien moins suivi que d’habitude, constate encore Alterpresse. Certains citoyens « ont préféré rester chez eux pour dénoncer l’indifférence des autorités face à la crise socio-économique que traverse le pays ». D’autres n’ont pas fait le déplacement par peur d’éventuels troubles".
Selon le quotidien Le National, les tensions aux Cayes ont d’ailleurs persisté durant la journée d’hier, lundi. Et Alterpresse rapporte que deux nouvelles journées de « protestations anti-gouvernementales » ont d’ores et déjà été annoncées pour les 7 et 8 mars.