Avec notre correspondant à San Francisco, Eric de Salve
Les révélations de BuzzFeed tournent en boucle dans les médias américains. Et à Washington, l’opposition démocrate compte bien les utiliser. « Ces accusations selon lesquelles le président des Etats-Unis a poussé son avocat au parjure devant l’une de nos commissions sont parmi les plus graves à ce jour », a ainsi tweeté Adam Schiff, président de la commission du renseignement de la Chambre des représentants.
S'appuyant sur deux sources policières fédérales anonymes, BuzzFeed a révélé jeudi soir que Donald Trump avait demandé à Michael Cohen de mentir lors de son audition devant le Congrès l’été dernier à propos d'un projet immobilier à Moscou.
En novembre, l'ex-avocat du président américain, qui coopère désormais avec le procureur spécial Robert Mueller dans l'enquête russe, avait reconnu avoir menti sur les dates pour protéger Donald Trump. Durant son audition devant le Sénat, il avait assuré que les contacts avec les Russes pour ce projet avaient pris fin en janvier 2016. Ces contacts se sont en réalité poursuivis jusqu’en juin, soit très tard dans la campagne, cinq mois à peine avant la présidentielle.
Toute la question est maintenant de savoir si Michael Cohen a menti de son propre chef ou, comme le révèle BuzzFeed, à la demande de Trump. Et la réponse pourrait venir de Michael Cohen lui-même : il doit de nouveau témoigner sous serment devant le Congrès le 7 février prochain. Et si Cohen confirme, certains élus de l’opposition demandent déjà qu’une procédure d’impeachment soit enclenchée contre Donald Trump.
Des allégations « pas exactes »
Mais dans la soirée, le bureau du procureur Robert Mueller a indiqué que les allégations publiées par BuzzFeed n'étaient « pas exactes ». « La description par Buzzfeed de certaines déclarations auprès du bureau du procureur spécial, et la caractérisation de documents et de témoignages obtenus par ce bureau, concernant le témoignage de Michael Cohen devant le Congrès ne sont pas exactes », a indiqué le porte-parole de M. Mueller, qui ne communique qu'extrêmement rarement.
De quoi donner aussitôt l’occasion à Donald Trump de jubiler sur Twitter en alimentant sa rhétorique anti-medias, tandis que BuzzFeed annonce de son côté maintenir son enquête. Une enquête désormais très affaiblie.