Elections municipales au Venezuela: face à la crise, l'exode ne faiblit pas

Le Venezuela élit ses conseillers municipaux dimanche 9, alors que le pays est frappé par une très grave crise économique : l'hyperinflation pourrait en particulier atteindre 1 350 000% à la fin de 2018, selon le Fonds Monétaire International et la hausse de 150% du salaire minimum annoncée par Nicolas Maduro n’y a rien changé. Beaucoup ont décidé de fuir le pays : ils sont désormais trois millions de Vénézuéliens réfugiés et migrants à travers le monde, selon des chiffres de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés. Un exode qui ne faiblit pas.

Avec notre correspondant à Caracas, Julien Gonzalez

Ils sont, comme d'habitude, des dizaines de Vénézuéliens à faire la queue chaque jour devant le consulat du Chili. Parmi eux, Lucy, qui a fait une demande de visa il y a plus de 6 mois et elle espère obtenir le précieux sésame d'ici la fin de l'année. « Avec tout ce que j'ai travaillé cette année, je n'ai absolument pas la base pour pouvoir vivre au Venezuela : c'est très difficile pour moi de payer mon loyer, de quoi manger et de quoi m'habiller, s’indigne cette architecte. Ici, on survit : ceux qui sont encore ici au Venezuela, nous survivons ! Partir du pays, ce n'est pas du tout un caprice de riche, c'est une nécessité ! »

Une majorité de Vénézuéliens fuient vers d'autres pays du continent latino-américain, mais d'autres comme Alejandro veulent tenter l'Europe. Ses parents étant Espagnols, il multiplie les démarches au consulat d'Espagne et espère obtenir le plus vite possible un passeport européen.

« Il y a évidemment beaucoup de demandes ici ! Et cela va augmenter : j'entends tous les jours des amis ou des gens de ma famille qui disent qu'ils partent l'an prochain, qui sont en train de faire une demande ou à qui il ne manque plus qu'un papier pour partir, raconte-t-il. Je n'aurai jamais imaginé quitter le Venezuela. Mais malheureusement, à cause de cette situation, je dois partir, mais j'espère que ce ne sera pas pour toujours ! »

Pour la première fois, l'ONU a inclus la crise au Venezuela dans son projet d'aide humanitaire annuel

Si le gouvernement chaviste refuse le terme d'exode, les Nations Unies sont, elles, préoccupées : pour la première fois, la crise au Venezuela figure dans le projet d’aide humanitaire annuel de l'ONU.

La hausse du salaire minimum de 150% annoncée par le président Nicolas Maduro et entrée en vigueur depuis le 1er décembre dernier n'a rien changé : le pouvoir d'achat des Vénézuéliens est rongé par la hausse du coût de la vie.

Environ 2,3 millions de Vénézuéliens auraient quitté le pays depuis 2015. En octobre dernier, l’organe assurait déjà « qu'actuellement, 5 000 personnes quittent le Venezuela chaque jour », constituant ainsi « le plus grand mouvement de population dans l'histoire récente de l'Amérique latine ».

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