A la Une: présidentielle au Brésil, les religieux se positionnent

La Conférence nationale des évêques du Brésil a décidé de s’exprimer. Les cadres de l’épiscopat catholique ont cosigné une lettre, analysée dans le Diario de Pernambuco, dans laquelle ils s’inquiètent de la « croissance de l’extrémisme » dans le pays. Sans jamais citer les deux candidats, ils ont affirmé qu’il ne fallait pas voter « le cœur rempli de haine » ou penser qu’il y a un « sauveur de la mère patrie ». On comprend en lisant entre les lignes que les évêchés mettent en garde les croyants contre la tentation d’un vote de colère qui favoriserait Bolsonaro : « il ne fait aucun doute que des réformes politiques sont nécessaires, mais pour cela les Brésiliens doivent se mobiliser pour la démocratie. »

L’électorat catholique reste malgré tout divisé politiquement, contrairement aux citoyens évangélistes qui représentent presque un tiers de la population brésilienne, et qui sont 71 % à se dire en faveur de Bolsonaro. Un très long dossier de la BBC en brésilien s’interroge sur les principales motivations de cet électorat. En premier lieu vient leur perception négative des mouvements LGBT au Brésil ; en deuxième position l’idée que l’ancien militaire serait un candidat « propre » sans implication dans les affaires de corruption, contrairement au parti de Lula.

« Mais attention ! », s’écrit Le Brazilian Report, un journal indépendant anglophone basé à Sao Paolo, le candidat de la droite a tous les atours d’un fasciste, un vrai : « le terme est parfois mal employé, mais dans le cas de M. Bolsonaro, il est pertinent ». L’éditorialiste analyse le discours du candidat à la lumière des recherches académiques sur l’histoire du fascisme : ses références à un « passé mythique », sa tendance à « diviser les groupes pour les opposer les uns aux autres », ses attaques « contre la vérité, contre la presse, tout en laissant prospérer le conspirationnisme ». Et le journal de conclure : « On ne pourra pas dire qu’on ne savait pas ».

Pérou : 36 mois de prison préventive pour l’ex-candidate aux présidentielles Keiko Fujimori ?

Keiko Fujimori, fille de l’ancien dictateur péruvien, leader du principal parti d’opposition, est auditionnée aujourd’hui par la justice dans le cadre de l’affaire Odebrecht. Elle est accusée de blanchiment d’argent lors de sa campagne électorale de 2011.

Prison préventive ou pas ? La comparution prévue aujourd’hui doit statuer si Keiko Fujimori et 12 autres dirigeants et cadres du parti de droite, le principal parti d’opposition, vont passer 36 mois derrière les barreaux. « Le parti Fuerza Popular est dans une mauvaise passe », euphémise El Comercio, qui rappelle dans son éditorial les luttes intestines de ces dernières semaines.

Le journal estime toutefois qu’après avoir longtemps « confondu investigation et persécution, Keiko Fujimori semble avoir réfléchi » : elle invoque désormais une « réconciliation nationale ».

« Conversion suspecte d’un parti qui essaye sauver sa peau » estime La Republica, alors que le mot « Crise » est en pleine page de Peru 21, qui analyse : ces derniers jours sont la démonstration « de l’affaiblissement d’un groupe de personnes qui détenait il y a deux ans encore un pouvoir hégémonique. »

Colombie : grève et manifestations des universités publiques

C’est la troisième grève en 15 jours et la mobilisation prend de l’ampleur. Selon les chiffres des syndicats repris par La Prensa de Monclova, 250 000 étudiants, professeurs et personnel administratif ont battu le pavé hier, et ce malgré la pluie dans les principales villes du pays. Ils protestent contre le manque d’investissements pour les universités publiques. Des investissements qui avaient été négociés il y a plusieurs mois lors d’un accord passé avec le gouvernement.

Des schémas publiés dans El Universal indiquent clairement que le nombre d’étudiants a doublé en 10 ans, alors que le budget de l’éducation supérieure n’a cessé de baisser. Si rien ne bouge, la mobilisation pourrait continuer, indique El Colombiano, et même s’étendre à d’autres secteurs de l’éducation publique.

« Caravane de migrants » : les fake news prolifèrent

Massivement relayées par les supporteurs de Trump et par certains élus républicains eux-mêmes, des intox circulent sur les réseaux sociaux à propos de la caravane de migrants honduriens qui se trouve actuellement au sud du Mexique, et se dirige vers la frontière américaine. Notamment une photo où l’on voit un policier au visage ensanglanté, soi-disant frappé par des migrants honduriens de la caravane... Vérification faite : la photo date de 2012. Autre rumeur : le fait qu’il y aurait des personnes provenant du Moyen-Orient présents parmi les migrants centre-américains. Idée qui avait été avancée par le président américain, Donald Trump, et qu’il a lui-même réfutée hier.

Article intéressant dans The Daily Beast, qui rappelle les raisons de l’exode. Non seulement la violence et la pauvreté endémique qui règne au Honduras, aggravées par une sécheresse sans précédent cette année. Mais aussi, selon les témoignages recueillis par le journal : une émission de télévision diffusée il y a quelques semaines et qui aurait eu un effet inattendu. Alors que quelques petits groupes d’une petite centaine de personnes parsemées sur le territoire hondurien se préparent au voyage vers les États-Unis, une chaîne pro-gouvernementale pense les dissuader en diffusant un sujet sur la piètre sécurité pendant la traversée du Mexique.

Sauf que dans le sujet, une femme raconte qu’un défenseur des droits de l’homme hondurien, Bartolo Fuentes, paye pour la nourriture et le transport des candidats à la migration vers les États-Unis. C’est totalement faux, mais l’homme reçoit alors des centaines de coups de fil. Il se dit que tant qu’à faire, autant réunir toutes ces personnes en une seule et même caravane. Les réseaux sociaux et le bouche-à-oreille auraient fait le reste.

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