A la Une: confirmation houleuse à la Cour suprême des Etats-Unis

La presse américaine revient encore largement sur le dossier Kavanaugh, puisque le Sénat a abordé, ce vendredi 5 octobre, l’avant-dernière marche de la confirmation à la Cour suprême du juge, qui est accusé d’agression sexuelle. Ce vote de procédure se tiendra dans une ambiance très particulière : des barrières ont été érigées autour du Congrès, car jeudi des milliers de femmes ont encore manifesté dans la capitale fédérale.

Le Washington Post publie une vidéo de cette manifestation. « Vous savez quoi ? », lance une manifestante, « les femmes sont en colère. Et elles vont aller voter ». Des élections de mi-mandat se tiendront le 6 novembre dans tout le pays. Certaines manifestantes ont pénétré dans l’enceinte du Sénat et plusieurs centaines, dont la comédienne Amy Schumer, ont été arrêtées.

Le Washington dit « non » : une première depuis 30 ans

Pour le Washington Post, il n’y a pas de doute : les sénateurs ne doivent pas confirmer Brett Kavanaugh à ce poste. Et « nous ne disons pas cela à la légère », se défend le journal, en rappelant qu’il ne s’est jamais opposé à un candidat à la Cour suprême, qu’il soit libéral ou conservateur, depuis 30 ans.

C’est « non » aussi pour le New York Times, pour qui, ce qui tache, ce sont surtout les réponses trompeuses de Brett Kavanaugh faites sous serment. Le conservateur National Review offre un autre son de cloche ; ce dernier intime le sénateur républicain Jeff Flake de voter en faveur de Kavanaugh, lui qui paraissait hésitant. « Nous savons que Flake n’aime pas Trump (...) Mais ce vote porte essentiellement sur Brett Kavanaugh, pas sur Donald Trump. (...) Flake sera la cible des médias et de la gauche. Ils l’inciteront à faire ce qui s’impose. Nous sommes d’accord - et cela ne peut être que de voter la confirmation de Brett Kavanaugh ».

Le juge s’offre une tribune dans le Wall Street Journal

Démarche extrêmement rare, le juge lui-même se confie aujourd’hui dans le Wall Street Journal. Brett Kavanaugh reconnaît que, lors de ses auditions devant le Sénat, « il a dit certaines choses qu’il n’aurait pas dû dire ». Dans cette tribune, il défend son « impartialité » et son « indépendance ». Jeudi dernier, j’étais « dans l’émotion », dit-il. « J’espère que tout le monde peut comprendre que j’étais là aussi en tant que fils, mari et père ».

Autre démarche rare dans la presse américaine ce vendredi : une grande colonne laissée blanche mange près d’un tiers de la page Opinions du Washington Post. « A missing voice », qu’on pourrait traduire par « une voix absente » : voilà le titre adossé à la photo du Saoudien Jamal Khashoggi, journaliste porté disparu depuis une visite mardi au consulat saoudien d’Istanbul, en Turquie.

Chili : une dictature tombée par les urnes

Quittons maintenant les États-Unis pour le Chili. La presse célèbre les 30 ans du « non » à Pinochet. La Tercera consacre à ce référendum du 5 octobre 1988 un dossier spécial : vous pouvez entendre les discours de l’époque, découvrir l’ambiance dans les bureaux de vote, où comment cette information a été traitée par la presse étrangère. Je vous recommande ce dossier ainsi que le grand reportage de notre correspondante au Chili, Justine Fontaine, diffusé cette semaine sur RFI.

Un coup d’œil, enfin, aux réactions après le choix d’un juge américain de suspendre l’application d’une décision de Donald Trump mettant fin au TPS. Ce statut spécial bénéficie à des centaines de milliers de personnes originaires d’Amérique centrale ou d’Haïti. La décision est saluée par le gouvernement salvadorien, nous apprend El Mundo. Elle est aussi saluée par Marleine Bastien, dans une vidéo publiée par le Miami Herald ce vendredi. La directrice de cette association basée à Little Haïti, à Miami, estime que c’est une « bonne nouvelle pour des centaines de milliers de familles qui vivent avec la peur au ventre » de devoir quitter un pays dans lequel ils vivent et travaillent légalement, parfois depuis plusieurs décennies.

Mais elle insiste sur le fait que cette suspension n’est que « temporaire ». D’autres défenseurs des droits craignent que certains Haïtiens croient que la situation est réglée et ne cherchent pas, dès à présent, un autre statut pour les protéger d’une expulsion. Cette décision c’est aussi « un espoir » pour les Honduriens, qui ne sont pas pour l’instant concernés, explique El Heraldo, mais pourraient s’appuyer sur cette décision, si elle est confirmée dans quelques jours.

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