Avec notre envoyé spécial au Brésil, Achim Lippold
Brasilia Teimosa est un quartier populaire dont le nom - Brasilia têtu - est un hommage à l'esprit de résistance de ses habitants. En effet chaque fois que les autorités les en ont délogés, ils sont revenus dans leurs habitations insalubres. Ce jeu du chat et de la souris a duré jusqu'en 2002. Lula, alors élu président, décide de réhabiliter une fois pour toutes cet ancien village de pêcheurs. Joao qui vend des poulets grillés sur le marché s'en souvient : « A Brasilia Teimosa, il y avait des maisons et des pontons de bois au bord de la mer. Lula les a démolis, et a construit de vraies maisons. Les gens l'adorent parce qu'il les a beaucoup aidés ».
C'est le cas pour Adriana, une mère de famille qui doit beaucoup, dit-elle, au Parti des travailleurs : « Mon fils a fait une formation de physiothérapeute cette année et il a reçu une bourse grâce au programme Pro Uni mis en place par le PT. J'ai également bénéficié de l'aide sociale, la Bolsa Familia, mais à présent je ne la touche plus car mes enfants sont grands ».
Et pourtant, cette année, Adriana donnera pour la première fois sa voix à un candidat qui n'est pas du PT : « Je ne partage pas le projet de la colistière du candidat Fernando Haddad, qui veut introduire la question du genre à l'école. Ça me rend triste, parce que sinon j'aurais voté PT .»
Joao lui aussi soutenait d'habitude le parti de Lula, mais à présent il fait partie des électeurs très convoités ces jours-ci, les indécis. « Il manque un vrai dirigeant qui dise : allez, on va changer les choses, construire des hôpitaux et des routes pour relancer l'économie. » Son rêve : que le Brésil devienne un pays du « premier monde » comme il dit.