Avec notre correspondante à Washington, Anne Corpet
« Kavanaugh doit partir », scandent des centaines d'Afro-Américaines sur l'immense pelouse qui mène au Congrès. Beaucoup affichent leur soutien à l'universitaire qui accuse le juge d'agression sexuelle. Coranda Corry, 48 ans, porte un badge « Je crois Christine Balsey Ford » épinglé sur le revers de sa veste. « Je suis ici pour le docteur Ford parce que je la crois, dit-elle. Elle est courageuse, j'ai été une victime aussi, mais je n'ai pas son courage. Elle fait cela pour moi et pour toutes les autres qui n'osent pas parler. »
Ann House travaille dans une association de soutien aux femmes noires victimes d'agressions sexuelles. Elle-même a été violée quand elle était étudiante. « Quand je suis allée porter plainte pour viol, on m'a demandé ce que j'avais fait, raconte-t-elle. On m'a posé un tas de questions comme est ce que vous êtes une pute ? Ce genre de choses. J'ai vraiment eu le sentiment que c'était parce que j'étais noire, mais je sais aussi que nous sommes toutes confrontées à cela quelle que soit notre couleur et je ne veux pas de Kavanaugh. »
« Pendant l'esclavage, le viol était légal et nous sommes bien placées pour savoir qu'il est crucial de croire les victimes. Nous devons nous soutenir les unes les autres et nous devons être aux premières loges de ce combat. Nous avons été les premières à lutter contre le viol dans ce pays et nous allons continuer à être en tête de ce combat », témoigne Farah Tanis, co-organisatrice de la manifestation.
Selon une étude réalisée en 2014 à partir du nombre de plaintes déposées, plus d'une Afro-Américaine sur cinq est victime d'un viol au cours de sa vie. Mais beaucoup se taisent, et ne sont pas prises en compte dans les statistiques.