Avec notre correspondante à Washington, Anne Corpet
« Je refuse la nomination du juge Kavanaugh à la Cour suprême. » Cette exclamation trouble régulièrement l’atmosphère habituellement très policée de l’audition menée par la commission des affaires judiciaires du Sénat.
A chaque fois, le contestataire est rapidement interpellé et sorti de la salle par la police. Les sénateurs démocrates eux-mêmes ont tenté sans succès d’obtenir le report de la séance.
Les élus de l’opposition dénoncent le fait d’avoir reçu la veille seulement 42 000 pages de documents. Ils estiment ne pas avoir eu le temps nécessaire pour les consulter.
Les démocrates demandent par ailleurs à avoir accès aux dossiers relatifs au travail du juge à la Maison Blanche où il a servi pendant trois ans sous George Bush. Des dossiers que l’administration a refusé de communiquer. Le démocrate Cory Booker mène la charge : « Nous n’avons pas reçu les documents. Mener cette audition sans ces documents porte atteinte au travail constitutionnel pour lequel nous avons tous prêté serment », lance-t-il.
Au-delà des interrogations sur la forme, c’est sur le fond que la nomination du juge inquiète les démocrates du fait des positions très conservatrices de Brett Kavanaugh, notamment sur la question de l’avortement ou le mariage entre personnes de même sexe. Ils craignent aussi que le juge ne s’oppose à la mise en cause du président par la justice.
« Il y a un principe de base dans notre Constitution. Personne n’a le droit de choisir ses propres juges. C’est ce que fait potentiellement le président dans ce cas : il choisit un juge à la Cour suprême qui pourrait avoir un vote décisif sur son propre cas », argumente le sénateur démocrate Richard Blumenthal.
Mais malgré leurs efforts, il y a peu de chances que les démocrates parviennent à enrayer la confirmation de la nomination du juge à la Cour suprême. Les républicains disposent de suffisamment de voix au Sénat pour la voter.
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