Le sénateur républicain Lindsay Graham a prévenu dimanche que la nomination du prochain juge serait un cauchemar pour les démocrates au sénat, rapporte Politico. Selon lui, les républicains ont quatre noms à proposer, et tous sont des tickets gagnants, a-t-il averti. Cette perspective inquiète plusieurs quotidiens américains. Avec un président « pro-life », c’est-à-dire contre l’avortement, la presse américaine examine la possibilité d’un nouveau juge qui serait contre l’amendement Roe versus Wade. Amendement qui a légalisé l’avortement en 1973 au niveau fédéral.
« Le choix de Trump pour la Cour Suprême va changer les règles du jeu » estime Newsweek. Un choix « périlleux », poursuit le magazine puisque les sénateurs doivent valider la nomination du président. Or deux sénateurs républicains ont déjà fait savoir qu’ils s’opposeraient à la nomination d’un juge engagé contre l’avortement. Donald Trump devrait donc convaincre des sénateurs démocrates, ce qui n’est pas une mince affaire.
Les défenseurs des droits des libertés individuelles sont vent debout contre la perspective d’un juge anti-avortement.
« L’amendement Roe ne concerne pas seulement les droits des femmes. C’est une question de liberté personnelle » écrit Nancy Northup, présidente du centre pour les droits de reproduction dans le Washington Post. « Laisser le gouvernement contrôler le corps d’une femme », prévient l’auteure, « C’est l’invité à la tyrannie sur toutes nos décisions les plus intimes et personnelles. » Le New York Times, quant à lui, adresse un message aux progressistes sur les sujets de société : « Ce n’est pas le moment de désespérer », titre le quotidien qui leur donne trois conseils :
- D’abord « être réaliste », car oui, la nomination de Trump sera sûrement validée par les sénateurs de son camp selon le quotidien ;
- Ensuite « Ne pas perdre espoir » : les démocrates pourraient contre balancer les pouvoirs de la Cour suprême en gagnant des places au Congrès à l’automne par exemple ;
- Enfin « connaître ses forces » : les démocrates disposent d’un avantage dans l’opinion publique pour certains domaines comme l’assurance santé. Ils devraient donc en profiter.
Au Nicaragua l’heure est au recueillement après la mort, hier, de 14 personnes dans des affrontements entre forces gouvernementales et opposants au président Daniel Ortega.
Le quotidien La Prensa parle de « siège » et de « terreur » à Managua et dans d’autres départements du pays. Des fleurs sur des tombes fraîchement creusées sont en Une d’El Nuevo Diario. « Deuil et indignation » titre le quotidien. Il donne la parole à un père dont le fils de 18 ans a été tué dans la ville de León, dans l’ouest. « C’était un bon garçon, il ne faisait de mal à personne : innocent, tendre, et avec un avenir. Ils me l’ont criblé de balles. 18 balles l’ont défiguré, et à l’hôpital on ne veut toujours pas me rendre son corps. » Le quotidien nicaraguayen relaie aussi la voix de l’Eglise dans le pays. Les évêques de la conférence épiscopale dénoncent l’imposition d’un État de terreur qui met en péril le dialogue national.
Haïti se réveille dans un calme précaire après un week-end de violences. Quatre personnes sont mortes dans des heurts depuis vendredi suite à l’annonce de l’augmentation des prix du carburant. Les débris jonchent la capitale, Port-au-Prince.
L’agence de presse haïtienne Alterpress décrit un « champ de ruines ». Les rares personnes et véhicules qui circulaient dans les rues de la capitale hier soir devaient éviter les débris de toutes sortes, alors que l’électricité est coupée depuis plusieurs jours. Malgré le retrait de la mesure par le président Jovenel Moïse, Le Nouvelliste rapporte que plusieurs députés proches du pouvoir demandent la démission du Premier ministre.
Au Brésil, l’imbroglio judiciaire sur la libération de Lula fait la Une des journaux.
Le Correio braziliense titre sur « Les manœuvres du PT [le parti de l’ex-président] pour libérer Lula qui ont échoué ».
« Il n’y a pas de gentil dans le western judiciaire sur Lula » analyse Folha pour qui le Brésil est devenu « Une grande confusion judiciaire ». O Globo confirme ce point de vue : « La décision sur Lula révèle une crise du pouvoir judiciaire ». Le quotidien publie un entretien avec un ancien juge du Tribunal suprême fédéral et avocat de Lula, Sepúlveda Pertence qui s'exclame : « Je n’ai jamais vu une telle comédie judiciaire ».
En Argentine, à la veille de l’ouverture du débat sur la dépénalisation de l’avortement au Sénat, l’Eglise espère encore freiner la promulgation de la loi.
On retrouve une photo dans plusieurs quotidiens argentins : celle d’une foule immense massée devant la basilique de Luján. On y distingue des drapeaux argentins et des foulards bleu-ciel, signe distinctif des « pro-vie ». Les fidèles écoutent le discours de Monseigneur Oscar Ojea. Il fustige « une loi qui légitime l’élimination d’un être humain par un autre être humain », rapporte Clarín. « Mais l’absence de fonctionnaires nationaux n’est pas passée inaperçue », remarque La Nación, c’est le « signe de la distance entre l’Église et le gouvernement qu’a engendré la question de l’avortement. »