L'Elysée insiste d'abord sur le compromis qui avait été trouvé sur les questions commerciales : « Nous avons passé deux jours à avoir un texte et des engagements. Quiconque les quitterait le dos tourné montre son incohérence et son inconsistance. »
La présidence française promet que la France et l'Europe, au contraire, « maintiennent leur soutien au communiqué ». Elle souligne encore que « la coopération internationale ne peut dépendre de colères ou de petits mots ». « Soyons sérieux et dignes de nos peuples ». Voilà le ton de cette déclaration.
Une réponse à la mesure de l'affront ?
Depuis son arrivée à la présidence, Emmanuel Macron s'est attaché à cultiver ses relations avec le président américain. Son entourage aime d'ailleurs le présenter comme le « traducteur de Donald Trump en Europe ». Mais cette « relation spéciale », cette amitié présumée n'a pas empêché le président américain de torpiller ce G7 si cher à Emmanuel Macron.
Un sommet dont justement la France doit prendre la présidence l'année prochaine.
Alors que va-t-il advenir des relations entre Washington et Paris ? On remarque qu'Emmanuel Macron n'a pas personnellement commenté ce revirement de Donald Trump, préfèrant tweeter ce dimanche matin, sur ses premiers souvenirs de football. Preuve, peut-être, que, malgré l'affront, le pragmatisme continue de régner.
« Il y a désormais un gouffre entre Washington et Paris »
Pour Corentin Sellin, professeur agrégé d'histoire et spécialiste des Etats-Unis, cette réponse de la France au président américain est à la mesure de l'affront subi :
« Au-delà de l’affront personnel que cela représentait pour Emmanuel Macron, qui s’est beaucoup battu pour ce communiqué final commun avec les Etats-Unis, il y a une véritable divergence. Mais là on pourrait même parler de gouffre de fond désormais entre les Etats-Unis et la France. Ce communiqué ce matin de l’Elysée signifie que le gouffre est acté. L’invocation à l’Europe est très significative puisque désormais on voit bien qu’il y a là maintenant une place pour l’Union européenne pour devenir, peut-être, à la place des Etats-Unis, la nouvelle puissance régulatrice d’un ordre mondial démocratique et libéral. Et on voit bien que la France envisage cette construction de l’ordre mondial sans des Etats-Unis mis sur la touche, sans doute provisoirement, par la présidence de Donald Trump. »
« Fin du G7 sous sa forme actuelle »
Le G7 peut-il survivre aux évènements de samedi ? « Sous sa forme actuelle, ça paraît très difficile, ne serait-ce que par la violence des termes employés », explique le spécialiste Corentin Sellin. Le Canada est un des principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis et Donald Trump a traité Trudeau de malhonnête. Les mots resteront et pour reprendre des relations cordiales, il faudra beaucoup de temps. Donc le G7 sous sa forme actuelle paraît condamné et les Etats-Unis se sont de fait retirés, pour l’instant, sous leur tente et ont fait un pas de côté par rapport à l’alliance transatlantique. Seul vaut l’affirmation de la souveraineté des Etats-Unis et il n’y a plus aucun respect, on l’avait déjà vu précédemment, de la parole donnée et de la signature apposée. Cela pose effectivement un énorme problème pour les négociations à venir, une question de confiance qui est essentielle dans la diplomatie. C’est le risque surtout de voir les Etats-Unis totalement isolés, non pas simplement de leur fait, mais aussi par leurs partenaires. C’est en effet un risque énorme qu’il prend en voulant affirmer, réaffirmer la souveraineté des Etats-Unis. »