Décidément Donald Trump aura imposé son tempo avant, pendant et après ce G7. En arrivant en retard, en mettant la question du retour de la Russie à l’agenda des discussions, en acceptant après des négociations très vives le principe d’une déclaration finale commune avant de faire volte-face et de rejeter ce texte.
Le président américain avait pourtant affirmé juste avant de quitter La Malbaie qu’il avait eu un dialogue très constructif avec ses partenaires, précise notre envoyée spéciale à La Malbaie, Mounia Daoudi. Il avait même donné la note de « 10/10 » à la qualité de ses relations avec Emmanuel Macron, Angela Merkel ou encore Justin Trudeau. Le président américain allant jusqu’à dire que la relation avec ce dernier était probablement meilleure qu’elle ne l’avait jamais été.
Mais ça c’était avant que le Premier ministre canadien n’évoque en conférence de presse, à l’issue du sommet, les surtaxes qu’imposent les Etats-Unis sur l’aluminium et l’acier fabriqués au Canada : « On ne veut pas faire mal à des travailleurs américains mais moi, ma préoccupation principale et fondamentale doit être de défendre les travailleurs et les intérêts canadiens. Et les tarifs injustes, inacceptables que le président est en train d’imposer sur nous exigent une réponse claire et ferme. Et c’est exactement ce que j’ai dit au président, c’est exactement ce que je vais continuer à dire, exactement ce que je vais faire le 1er juillet. »
Pour Donald Trump, l’affaire est entendue. Dans un tweet, il annonce qu'il se désolidarise finalement du communiqué final du G7, dont tous les autres dirigeants se félicitaient pourtant.
Pour le locataire de la Maison Blanche, Justin Trudeau s’est montré « malhonnête » et « faible ».
De son côté, le service des communications du Premier ministre canadien a réitéré que ce dernier n’avait pas varié d’opinion sur les surtaxes américaines. Il reste donc concentré sur les accomplissements du G7.
La tête à Kim
Les Américains semblent en fait davantage intéressés par le sommet de Singapour, analyse notre correspondant à New York, Grégoire Pourtier. Ces derniers jours, Donald Trump lui-même avait l’air plus inspiré par la perspective de rencontrer Kim Jong-un, ayant presque des mots plus sympathiques pour la Corée du Nord que pour des pays historiquement alliés des Etats Unis.
Même si les volte-face de ces dernières heures ont pas mal désorienté les analystes, reste que l’opinion publique est partagée. D’un côté, un sondage montrait cette semaine qu’une majorité d’Américains souhaitaient plutôt éviter une guerre commerciale, mais de l’autre, les bons résultats économiques du pays sont mis au crédit de Trump, dont la popularité n’a jamais été aussi haute.
Avec le dirigeant nord-coréen, Trump promet de mettre en œuvre tous ses talents de négociateur, assurant qu’il n’avait pas besoin de se préparer particulièrement, et qu’il évaluerait en quelques secondes s’il sera possible de trouver un accord. Samedi soir, certains aux Etats-Unis se demandaient plutôt ce qu’il adviendrait si Trump se comportait à Singapour comme il l’a fait au G7, affichant une position sur place puis une autre une fois remonté dans l’avion.