La lente plongée du Nicaragua dans le chaos

Au Nicaragua, où une quinzaine de personnes sont mortes le 30 mai dernier lors d'une nouvelle manifestation, le bras-de-fer entre le président Daniel Ortega et l'opposition semble évoluer de plus en plus vers un point de non-retour.

Avec notre correspondante à Mexico, Patrick John Buffe

Déjà grave, la situation au Nicaragua s'est encore dégradée ces derniers jours. En tant que médiatrice, l’Eglise catholique avait instauré un dialogue entre le gouvernement du président Daniel Ortega et ses opposants, à savoir la société civile, le secteur privé et les étudiants, principales victimes de la répression de la police et des groupes paramilitaires.

Or, ce dialogue n’a duré qu’une semaine. A chaque fois, le président Daniel Ortega a refusé de mettre à l’ordre du jour la démocratisation du pays et donc des institutions judiciaire, électorale et législative qu’il contrôle totalement.

Avec la fin du dialogue, la capitale et les principales villes du pays ont rapidement été secouées par de nouvelles vagues de violence comme le 30 mai dernier dans la capitale Managua, lors d’une grande marche convoquée par les mères des jeunes et des étudiants assassinés par le régime.

A l’issue de cette mobilisation pacifique, la police et des groupes paramilitaires ont attaqué les manifestants, faisant une quinzaine de morts et de nombreux blessés.

Vers la guerre civile ?

Depuis, la tension s’est accrue dans la capitale, où certains groupes armés non identifiés semblent vouloir créer un climat de terreur et de chaos. Ce que certains dénoncent comme une stratégie gouvernementale.

A cela s’ajoutent les agressions commises par des sympathisants de Daniel Ortega contre les étudiants toujours retranchés dans les universités. Ou contre les opposants qui contrôlent des barrages routiers ou des barricades, comme cela été le cas le 2 juin encore dans la ville de Masaya, au sud de Managua, où cinq personnes ont perdu la vie lors d’affrontements.

Les graves événements de ces derniers jours font craindre que le Nicaragua s’achemine vers une situation incontrôlable. Le massacre du 30 mai dernier semble marquer un point de non-retour. Certains Nicaraguayens craignent d’ailleurs que le pays finisse par se retrouver au bord d’une guerre civile. Tant que le régime du président Daniel Ortega continuera à réprimer dans le sang, le dialogue ne pourra reprendre et aucune négociation ne sera possible.

La seule solution serait que le chef de l'Etat et son épouse, la vice-présidente Rosario Murillo, démissionnent. Ou que le couple présidentiel accepte l’organisation d’élections anticipées, ce qui est difficilement envisageable. Daniel Ortega et sa femme ne sont pas prêts à renoncer au pouvoir tandis les étudiants exigent leur départ immédiat. Le Nicaragua se retrouve dans l’impasse.

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