Avec notre envoyée spéciale à Bogota, Véronique Gaymard
Il est huit heures place Bolivar, l’accès est très surveillé par des dizaines de militaires et de policiers qui quadrillent les rues. A l’ouverture des bureaux de vote, le président Juan Manuel Santos glisse le bulletin dans l’urne pour élire son successeur, et s’adresse aux Colombiens.
« Ce seront les élections les plus sûres, et les plus tranquilles. Nous avons aussi voulu que ce soient les élections avec le plus de garanties pour les candidats et pour les électeurs. Allez voter, car nous voulons que ce soit l’élection avec le taux de participation le plus élevé dans l’histoire de la Colombie », déclare le président sortant.
De l’autre côté de la place, les bureaux de vote accueillent les électeurs. Jorge est venu tôt pour exercer son devoir de citoyen, dit-il. « C’est très important et j’espère que tous les électeurs feront le même effort de se déplacer aux urnes. Moi, j’ai voté Petro. J’espère qu’on le laissera faire s’il obtient suffisamment de voix. Mais ce sera très difficile ».
Yolanda, elle, mise sur la droite conservatrice : « J’ai voté pour Ivan Duque. Le plus important c’est la défense de la vie, de la famille ».
Ingrid, 36 ans, a choisi l’ancien maire de Medellin : « Fajardo, j’aime sa façon de penser, il mise sur l’éducation, c’est vraiment ce qui compte ».
Nestor Garcia Buitrango était parmi les premiers à voter place Bolivar au centre de Bogota, une élection cruciale, selon lui.
« J'ai toujours pris l'habitude de venir voter très tôt. D'abord parce que le climat ici est changeant, il peut tout à coup pleuvoir des tombes d'eau, et puis surtout parce qu'il semblerait que pour cette élection il y ait beaucoup de monde qui se déplace pour voter, et vraisemblablement beaucoup plus que pour les élections précédentes. Donc, par précaution, il faut arriver tôt », raconte-t-il.
« Pour ces élections, ce qui est en jeu, c'est la paix. Certains candidats ont déclaré pendant leur campagne qu'ils allaient déchirer les accords de paix. Mais nous, les Colombiens qui avons grandi dans un pays en guerre, qui sommes de cette génération qui s'est rendu compte que, depuis que nous sommes nés, nous vivions dans un conflit permanent, eh bien nous voulons avoir le droit à vivre en paix. Pour l'instant c'est un calme sous tension. À tout moment ça peut exploser à nouveau. C'est pour ça que ce scrutin aujourd'hui est tellement important. Les élections de ce dimanche sont cruciales, elles sont cruciales ! », explique cet électeur.
Plus de 300 observateurs sont déployés pour répertorier d’éventuelles irrégularités. Le Plan Démocratie a été mis en place pour assurer la sécurité du scrutin avec des milliers de policiers et de militaires dans tout le pays. José Ramon Garcia Hernandez est Espagnol, il fait partie des quelque 300 observateurs venus rendre compte de la transparence du scrutin.
Les premières estimations devraient être connues peu après la fermeture des bureaux de vote.