Avec notre envoyé spécial à Caracas, Achim Lippold
Depuis quelques jours, les autorités ne cessent de marteler que le scrutin de ce dimanche sera totalement transparent. « Ceux qui doutent du système électoral cherchent à dénigrer la démocratie vénézuélienne », a déclaré le Conseil national électoral. Un message destiné à l’opposition qui parle d’une farce et appelle au boycott des urnes.
Le gouvernement a reçu le soutien d’une délégation d’observateurs internationaux dirigée par José Luis Zapatero. Selon l’ancien chef du gouvernement espagnol qui a rencontré les deux principaux candidats, Nicolas Maduro et Henri Falcón, les Vénézuéliens voteront librement. « Dans chaque bureau de vote, il y aura un agent qui témoignera du bon déroulement du processus à l'intérieur et à l'extérieur du bureau de vote », explique-t-il. « Je n'ai aucun doute sur le fait qu'ils voteront librement. Parce que le vote est l'acte le plus sacré dont dispose un citoyen. Il est très difficile qu'un citoyen accepte d'aller voter sous la menace et le chantage. Et si cela arrive, il faut le dénoncer, prouver et bien sûr poursuivre », poursuit José Luis Zapatero.
L'affirmation qui fait sourire Ignacio Avalos, directeur de l’Observatoire électoral vénézuélien, une organisation indépendante. Car la population pauvre, qui dépend des subventions publiques, est soumise à une pression politique énorme, explique ce spécialiste à RFI. Par peur de ne plus recevoir des rations alimentaires, les gens votent Maduro, poursuit-il.
Une accusation réfutée par la vice-présidente de l’Assemblée nationale constituante, Tania Diaz, qui rejette tout soupçon sur la régularité de ce scrutin. Et assure que les Vénézuéliens sont très mobilisés malgré le boycott de l'opposition. « Tous les sondages indiquent que la participation sera autour de 60 %. Cette mobilisation, nous avons pu l'apercevoir dans les rues, lorsque nous, la direction du PSUV, nous avons parcouru le pays », affirme-t-elle.
Mais selon l'institut Datanalisis, seulement 41 % des électeurs envisage de se rendre aux urnes. Et les observateurs évoquent déjà le scénario d'une abstention record. Convaincus qui rien ne changera demain dimanche, si ce n’est les prix qui continuent à grimper d’une manière vertigineuse, les Vénézuéliens pourraient en effet être très nombreux à ne pas se rendre aux urnes.