Venezuela: des prisonniers de l'Hélicoïde transférés vers d'autres centres de détention

Au Venezuela, la situation est tendue depuis ce mercredi 16 mai à l'Hélicoïde, le centre de détention à Caracas qui abrite également le Sebin, les services de renseignements. Une révolte a eu lieu dans des cellules du Sebin où sont détenus des dizaines d'opposants depuis des mois pour certains, depuis des années pour d'autres. Des associations et des ONG de défense de droits de l'homme dénoncent depuis plusieurs mois les conditions de détention des prisonniers et accusent les autorités vénézuéliennes de maintenir en détention des « prisonniers politiques ». Les proches, membres de familles des détenus de l'Hélicoïde et des dirigeants politiques demandent des explications sur la situation dans le centre et la libération immédiate des « prisonniers politiques ». Plusieurs détenus ont été transférés vers d'autres centres en fin de journée.

Avec notre correspondant à Caracas, Julien Gonzalez

Des vidéos de prisonniers affirmant avoir pris le contrôle du siège du Sebin ont circulé notamment sur les réseaux sociaux. Un missionnaire mormon nord-américain également détenu au Sebin a diffusé plusieurs vidéos pour exiger sa liberté et demander de l'aide. Il régnait donc jeudi une impression d'incertitude dans les environs de l'Hélicoïde. Devant le centre de détention, des proches de prisonniers exigent des informations de la part des autorités... En vain...

Venue leur apporter son soutien, la députée d'opposition Adriana Pichardo (MUD), interrogée par RFI, revient sur l'origine de l'émeute. « Ce mercredi, une quinzaine de prisonniers de droits communs environ ont fortement brutalisé le prisonnier politique Gregory Sanabria qui est ici depuis 2014. Il a alors exigé, avec d'autres détenus, d’être envoyé dans un centre médical, ce que les autorités ont refusé. C'est de là que les prisonniers ont commencé à protester. Ils ont pris le contrôle d'un espace, ils ont réussi, comme ils disent, à bloquer l'accès de cette zone. »

Près d'elle, Patricia Ceballos, épouse du prisonnier Daniel Ceballos ex-maire de San Cristobal, petite ville de l'ouest du pays, emprisonné depuis mars 2014, ne cache pas son inquiétude face à la tension. « Les exigences des détenus sont claires : que les prisonniers politiques soient remis en liberté. Ils sont détenus uniquement sur ordre politique, sans aucune raison, sans preuves, et sans jugement. Ils sont enfermés dans cet endroit alors qu'ils sont innocents. Notre grande angoisse, c'est la présence de ces forces de l'ordre fortement armées à une porte seulement d'hommes et de femmes désarmés qui sont dans leur légitime droit de réclamer justice et liberté ».

Le procureur général de la République a annoncé en fin de journée jeudi le transfert de plusieurs prisonniers (72 selon lui) vers d'autres centres de détention. La députée Delsa Solorzano, contactée par RFI, confirme le transfert de plusieurs détenus dans la soirée.

 

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