Avec notre correspondante à Washington, Anne Corpet
Attaques au vitriol, tweets rageurs, dénégations furieuses : fidèle à sa nature impétueuse, Donald Trump a depuis le début opté pour une stratégie agressive contre l'enquête sur les soupçons d'ingérence russe, qui plombe sa présidence.
Dans un tweet publié au jour anniversaire de la nomination du procureur spécial Robert Mueller, le président américain manie cette fois l'ironie.
(Trad. : « Félicitations à l'Amérique, nous sommes entrés dans la deuxième année de la plus grande chasse aux sorcières de l'histoire américaine... et il n'y a toujours pas de collusion et d'obstruction. La seule collusion est celle des démocrates qui ont été incapables de remporter une élection en ayant pourtant dépensé bien plus d'argent ! »)
(Trad. : « Malgré la chasse aux sorcières dégoûtante, illégale et injustifiée, les 17 premiers mois de cette administration ont été les plus réussis de l'histoire américaine – de loin ! Désolé, les médias menteurs et les haineux, mais c'est comme ça ! »
Face aux outrances de Donald Trump, Robert Mueller affiche une froide persévérance, une organisation méthodique et se garde de dévoiler son jeu. Nommé après le limogeage de l'ex-patron du FBI James Comey par le président américain, il doit tenter d'établir s'il y a eu ingérence russe dans la campagne présidentielle et si Donald Trump a tenté d'entraver les investigations en cours. L'enquête a pris des proportions tentaculaires et ne cesse de s'étendre. Dix-neuf personnes, dont treize russes et quatre collaborateurs du président, ont déjà été inculpés. La question d'un interrogatoire direct du président américain reste en suspens.
Aucune preuve déterminante n'a pour l'instant prouvé la collusion entre l'équipe de campagne et la Russie. Il y a très peu de chance que Donald Trump soit directement inculpé en cours de mandat et il faudrait une improbable majorité démocrate pour entamer une éventuelle procédure de destitution. Mais quoi qu'il advienne, les faux témoignages, les fraudes fiscales ou bancaires des collaborateurs du président ainsi que ses propres revirements ternissent son mandat d'un parfum douteux.