Nicaragua: des milliers de personnes marchent «pour la paix et la Justice»

Samedi 28 avril, des milliers de Nicaraguayens ont convergé sur la capitale Managua, répondant à l’appel notamment de l’église catholique «pour la paix et la justice». Ce rassemblement est une réponse de la société civile à la violence de la répression des manifestations contre la réforme des retraites, dont le projet a depuis été abandonné.

La foule bleue et blanche, vêtue des couleurs du drapeau national, a convergé vers la cathédrale de Managua, à l'appel de la Conférence épiscopale. Des rassemblements ont également eu lieu dans plusieurs villes de province.

Ces rassemblements sont une réponse de la société civile à la violence de la répression. La contestation, lancée le 18 avril par les étudiants contre une réforme des retraites, est rapidement devenue une mobilisation générale pour dénoncer la confiscation du pouvoir par le président Daniel Ortega, ancien guérillero de 72 ans, ex-leader de la révolution sandiniste, confronté à une vague de colère populaire sans précédent depuis son retour au pouvoir il y a 11 ans. «Q'ils s'en aillent !», lançait la foule à l'adresse du président Ortega et de son épouse Rosario Murillo, qui est vice-présidente, rapporte l'Agence France presse.

Face à la levée de boucliers, le président a d'ailleurs dû faire marche arrière et a retiré le 22 avril son projet de loi sur la réforme des retraites, un texte inspiré des recommandations du Fonds montaire international. Mais au-delà de ce débat sur la réforme des retraites, la société est agitée par un profond mécontement. Ainsi des centaines de paysans opposés à la construction du canal interocéanique se sont joints à la marche pacifique. Les chefs d'entreprises, regroupés au sein du Cosep, réclament eux aussi des réformes pour davantage de démocratie.

Combien de victimes de la répression ?

Selon un dernier bilan du Centre nicaraguayen des droits de l'homme (Cenidh), le nombre de personnes tuées lors des affrontements de la semaine passée entre police et manifestants est de 43 personnes. Un bilan qui diverge selon les sources. Selon Marcos Carmona de la Commission permanente des droits de l’homme du Nicaragua, il serait de plus de soixante victimes, dont certaines tuées par balle, et d'une quinzaine de disparus.

Une enquête indépendante sur les violences

Interrogé par RFI, ce dernier réclame une enquête sur ces violences. «Nous, au sein de la commission  et l'ensemble de la population nicaraguayenne, demandons la tenue d'une enquête indépendante afin que justice soit rendue pour les nombreux décès survenus la semaine dernière ».

Les étudiants, à l'origine de la vague de manifestations, ont aussi exigé ce samedi 28 avril la création d'une commission indépendante pour enquêter sur les violences meurtrières de la semaine passée. C'est pour eux la condition sine qua non pour participer à un éventuel dialogue avec les autorités. Ils ont d'ailleurs rejeté la proposition du président de l'Assemblée nationale, Gustavo Porras, de créer une commission comprenant des personnalités du pays pour «connaître, analyser et clarifier» les récentes violences.
«Nous n'acceptons pas que les assassins enquêtent sur eux-mêmes», ont rétorqué les étudiants.

Human Rights Watch (HRW), association de défense des droits de l'homme, a elle appelé les pays membres de l'Organisation des Etats américains (OEA) à approuver l'envoi d'une mission de la Commission interaméricaine des droits de l'homme au Nicaragua afin d'enquêter sur les allégations d'abus commis par les forces de l'ordre contre des manifestants.

avec AFP

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