Raul Castro avait annoncé qu'il démissionnerait de la présidence lors de cette session de l'Assemblée. Cela fait plusieurs mois que la date du 19 avril a été choisie pour révéler le nom de son successeur : c'est le 57e anniversaire de la victoire de la Baie des Cochons, une bataille contre les forces anticastristes soutenues par les Etats-Unis en 1961.
Un symbole qui veut montrer la résistance face à ce que le régime cubain appelle l'impérialisme américain, malgré le début de normalisation entamée avec Barack Obama, des espoirs douchés par Donald Trump.
Une page de l'histoire de l'île va se tourner
Les travaux de la nouvelle Assemblée nationale cubaine se déroulent à huis clos. Après les élections législatives en mars, les députés de la nouvelle Assemblée doivent d'abord élire leurs cadres, puis les 31 membres du Conseil d'Etat et son président qui succèdera à Raul Castro.
C'est une page de l'histoire de Cuba qui va se tourner cette semaine avec le départ de Raul Castro de la présidence après deux mandats de cinq ans, rapporte notre envoyé spécial à La Havane, Romain Lemaresquier. Pour la vieille génération qui a toujours soutenu la révolution, même si cela marque la fin des Castro, cela ne signifie pas pour autant qu'il y aura un changement, comme l'explique Jorge Guerrero : « Nous maintenons notre ligne politique, notre idéologie politique. Nous travaillons avec les jeunes pour qu'ils suivent les pas de nous les anciens ». Mais pour certains comme Mitchel, père de quatre enfants et qui vient de fêter ses 37 ans, ce changement aurait dû s'opérer d'une autre manière : « Le parti communiste cubain va décider, suite à un processus sélectif auquel a pris part une partie des Cubains, le futur président de Cuba ».
« A Cuba on a peur de parler »
Eduardo Longuera, vendeur de journaux dans les rues de La Havane, pense également qu'une élection directe aurait été plus judicieuse. Mais malgré ce processus électif indirect, il est heureux qu'une page se tourne. « Selon moi, c'est un changement qu'il fallait vraiment faire parce que ça fait déjà des années qu'on parlait du successeur, maintenant c'est au tour des jeunes ».
Ce processus de désignation est très opaque pour une majorité de Cubains. Certains préfèrent ne pas parler craignant comme il n'y a encore pas si longtemps des mesures répressives comme l'explique cet anonyme : « Je suis en train de parler avec toi, mais demain ils peuvent me prendre ma famille, m'emprisonner. C'est pour ça qu'ici à Cuba on a peur de parler. »
Le régime cubain va-t-il vraiment changer avec la nomination d'un nouveau président et la fin des Castro à la tête de l'Etat ? C'est la question que tout le monde se pose même si pour la plupart des personnes interrogées, on préfère ne pas s'attendre à grand-chose.