Avec notre correspondant à New York, Grégoire Pourtier
Il y avait ceux qui racontaient quel homme était Saheed Vassel, un drôle de tempérament qui arpentait les rues de Crown Heights en saluant tout le monde et en aimant rendre service. Il y avait ceux qui se désespéraient du sort encore réservé aux Noirs, alors qu'on se rappelait le même jour de la mort de Martin Luther King, il y a cinquante ans. Il y avait ceux qui dénonçaient le manque d'accompagnement pour les victimes de trouble bipolaire. Et il y avait bien sûr ceux qui étaient furieux contre la police, en qui ils n'ont plus confiance.
D'origine jamaïcaine comme beaucoup dans ce quartier, Paul, la cinquantaine, se reconnaissait dans tous ces discours : « Nous avons le droit d'être en colère, parce qu'il a été carrément assassiné. J'espère vraiment que les choses pourront changer, en établissant un dialogue, surtout du côté de la police. Il faut qu'ils se rapprochent davantage de la population, parce que là, ils patrouillent et puis s'en vont. Mais nous, nous vivons au sein de cette communauté. »
Cas fréquents
L'organisation Black Lives Matter (« La vie des Noirs compte ») était bien représentée, d'autres personnes étaient venues seules, avec leur panneau. « La violence de la police est une violence armée », clame celui d'une jeune femme blanche, nouvelle habitante de Crown Heights. « Je ne suis pas surprise mais je suis contente qu'autant de gens soient venus, explique celle-ci. Cela confirme qu'il y a une forte mobilisation en ce moment aux Etats-Unis, et on voit aussi une grande diversité de la foule. »
Les cas d'hommes noirs tués par la police dans des conditions douteuses sont fréquents dans le pays. « Les choses se sont-elles améliorées depuis la mort de Martin Luther King ? Peut-être, mais alors très peu », constatait un manifestant sexagénaire.