Il n’a jamais eu l’occasion de mener la campagne pour les pauvres, il a seulement pu la lancer. Donc je pense qu’il poursuivrait aujourd’hui cette campagne. Nous n’avons pas réglé le problème de la pauvreté dans ce pays. Vous pouvez regarder autour de vous, voir les statistiques, et à beaucoup d’égards la situation est pire aujourd’hui qu’elle ne l’était à l’époque. Nous devons créer un monde plus équitable sur le plan économique. Le second problème franchement c’est que le racisme systémique et institutionnalisé persiste dans notre société.
Dans tous les aspects de la vie américaine, les Noirs continuent d’obtenir moins. On leur refuse toujours un accès égal. Et donc ce mouvement qui a commencé, « Black Lives Matter », qui fait comprendre à la conscience de cette nation que les vies noires comptent, est vraiment essentiel. Et donc grâce à Dieu nous avons ce mouvement de jeunes car habituellement ce qui se passe quand les jeunes se lèvent, c’est que la nation commence à évoluer et à changer. Et je crois que nous commençons à voir ce changement.
Mon espoir, en tant que fille du docteur King, c’est que tout ce mouvement étudie vraiment sa non-violence. Car il avait une approche très stratégique de la manière dont il menait la lutte pour le changement.
Quel est le souvenir le plus vif que vous conservez de votre père cinquante ans après sa mort ?
Vous savez lui et moi nous avions ce petit jeu si on peut l’appeler ainsi. Je courais dans ses bras quand il arrivait au coin de la rue et il appelait cela le jeu des bisous. « On va jouer au jeu des bisous aujourd’hui » disait-il. Et il appelait les parties de son visage les zones de tir. Chacun d’entre nous avait sa zone de tir. Mes deux frères, ma sœur et ma mère. Donc il disait : « Où est la zone de tir de Bonnie –Bonnie était mon surnom- ? » et je l’embrassais sur le front. Et ensuite il se tournait vers mes frères Martin et Dexter et bien sûr vers ma sœur Yolanda. Et c’était notre manière de créer un lien entre nous. Il nous posait tous les quatre sur le frigidaire et on lui sautait dans les bras. Mais le jeu des bisous c’était le mien. Personne d’autre n’a le droit d’en parler. Seulement Bernice.