Brésil: anti et pro Lula se font entendre avant le jugement de la Cour suprême

Alors que ce mercredi (à 17 heures TU), la Cour suprême doit décider si l’ancien chef de l’Etat, condamné à deux reprises pour corruption mais favori de la prochaine présidentielle, peut rester en liberté, des manifestations ont eu lieu dans tout le Brésil, notamment pour demander son incarcération. La tension monte autour de la Cour suprême.

« Lula en prison ! », crient les manifestants, à São Paulo, rapporte notre correspondant Martin Bernard. Le débat juridique à la Cour Suprême est complexe, mais le mot d’ordre est on ne peut plus clair. Il s'agit de faire pression sur la justice.

Lula a été condamné à 9 ans, puis en deuxième instance à 12 ans de prison en janvier dernier, pour corruption. L'ancien président est accusé d’avoir accepté de la part d’une entreprise du bâtiment un appartement en bord de mer en échange de faveurs dans l’obtention de marchés publics. Pour les partisans de l’ancien chef de l’Etat, celui-ci pourrait au contraire rester en liberté pendant que ses avocats recourent aux instances supérieures, jusqu’à la Cour suprême elle-même. Une procédure qui pourrait durer des mois, voire des années et lui permettrait de faire campagne pour la prochaine présidentielle, dans six mois. Un scrutin pour lequel il est donné très largement favori. Son absence rebattrait totalement les cartes.

Pour ses détracteurs au contraire, Lula doit commencer à purger sa peine dès aujourd’hui d'autant que, selon une décision de la Cour suprême datant de 2016, toute peine de prison peut commencer à être purgée dès la condamnation en seconde instance - ce qui est le cas.

Les nostalgiques de la dictature militaire

Mais au delà du cas Lula, les manifestants sont aussi venus faire état de leur ras le bol face à la corruption, certains montrant même une certaine nostalgie du régime militaire, qui s’est achevé au milieu des années 80. « Je suis contre ce banditisme qui s’est installé au gouvernement du Brésil. Ce sont des bandits, c’est vraiment la mafia qui est au pouvoir pour sacrifier et voler le peuple... Depuis que les militaires ont quitté le pouvoir, la criminalité n’a fait qu’empirer », témoigne une manifestante.

En attendant le jugement de la cour, la tension monte à Brasilia, où des militants pro et anti-Lula vont à nouveau se rassembler ce mercredi pour faire pression sur la Cour suprême. Un dispositif de sécurité est prévu devant la cour. Sur les onze magistrats, cinq seraient en faveur de l’habeas corpus pour Lula, cinq contre, la dernière juge elle n’a donné aucun indice quant à son choix. Tout cela s’annonce donc très serré.

à (ré)écouter: Lula peut-il encore présenter sa candidature à l'élection présidentielle? 

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