Venezuela: la présidentielle anticipée finalement repoussée au 20 mai

Initialement prévue le 22 avril, la présidentielle anticipée au Venezuela est finalement repoussée au 20 mai. Dans ce scrutin, le président et candidat Nicolas Maduro n'aura face à lui que des candidats quasi-inconnus du grand public. Excepté Henri Falcon, dissident chaviste qui a ensuite été le chef de campagne d'Henrique Capriles contre Nicolas Maduro lors de la présidentielle de 2013. Il est soutenu dans sa candidature par trois partis minoritaires de l'opposition. Cette candidature fait aujourd'hui de lui le principal opposant à l'actuel chef de l'Etat pour le scrutin à venir.

Au Venezuela, ce 1er mars, les informations sur la prochaine élection présidentielle sont tombées au compte-goutte, annoncées par la présidente du Conseil national électoral : « deuxième quinzaine de mai » puis finalement « le 20 mai ».

Ce report d'un mois de la présidentielle est le résultat d'un accord obtenu entre le gouvernement et certains partis minoritaires de l'opposition. Signé notamment par les représentants de Nicolas Maduro et d'Henri Falcon, le document demande entre autres la mise en place d'une mission d'observation internationale des Nations unies pour suivre le scrutin.

Ce pacte a été rapidement salué par Nicolas Maduro qui a assuré que « cet accord augmentait les garanties électorales » avant d'annoncer une hausse du salaire minimum de 58%, dans un pays où l'inflation pourrait avoisiner les 13 000% cette année, selon le Fonds monétaire international (FMI).

« Le Conseil national électoral, avec l'autorisation du pouvoir plénipotentiaire qu'est l'Assemblée nationale constituante, a défini la date de l'élection présidentielle au dimanche 20 mai, a déclaré le chef d'Etat vénézuélien. Bienvenue au mois de mai, bienvenue à ces élections. J'approuve, et même plus, j'apporte tout mon soutien politique, institutionnel, humain à cette décision. J'appelle tous les citoyens et citoyennes de notre pays à soutenir avec ferveur l'élection du 20 mai de cette année : nous avons des élections ! Allons à la campagne électorale, au débat des idées. C'est la 25e élection en 18 ans : j'ai la certitude au fond de mon cœur que nous allons obtenir notre 23e victoire ».

« Faire le jeu de la dictature »

La semaine dernière, la principale coalition d'opposition, la Table de l'unité démocratique (MUD), avait assuré qu'elle ne participerait pas à cette élection, faute de conditions réunies « pour un scrutin libre, démocratique et transparent ».

Elle reste bien décidée à ne pas participer au scrutin tant qu'un nouveau Conseil national électoral « équilibré » ne sera pas désigné. Ce 1er mars, elle a martelé qu'elle « n'avait signé aucun accord » et qu' « elle n'avait pas de candidat à la présidentielle », faute de conditions électorales réunies.

Une mise au point claire qui confirme donc qu'elle ne soutiendra pas le candidat Falcon, qu'elle accuse « de faire le jeu de la dictature ».

Felipe Mujica, le secrétaire général du MAS (Mouvement vers le socialisme), qui soutient la candidature d'Henri Falcon, n'est pas de cet avis. « Les conditions sont évidemment meilleures que ce que nous avions jusqu'à maintenant, explique-t-il. Le simple fait de modifier la date de la présidentielle signifie que nous aurons désormais une campagne électorale qui durera trois mois. L'utilisation des médias se fera de manière différente. Le fait qu'on puisse élire des parlements régionaux et les maires, dont les mandats étaient arrivés à terme, est également un élément important, tout comme la présence des observateurs internationaux lors de ces scrutins ».

« Ces décisions n'étaient pas attendues, mais elles sont intervenues, poursuit Felipe Mujica. Et ceci est un signal : les choses peuvent être différentes. Dans ce cas, nous avons démontré qu'au Venezuela, il est possible de trouver des issues. Et ceci sous la direction d'Henri Falcon, pour permettre un vrai changement politique, avec un nouveau gouvernement, un nouveau président et de nouvelles espaces qui pourront faire naître une nouvelle opposition ».

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