Parkland: Nikolas Cruz comparaît devant un juge, le débat sur les armes relancé

L'auteur de la fusillade de Parkland en Floride a comparu ce 15 février devant un juge. Il a été inculpé de 17 meurtres avec préméditation après le carnage perpétré dans son ancien lycée la veille. On commence à en savoir un peu plus sur ce jeune homme de dix-neuf ans, auteur d'une des plus importantes tueries perpétrées dans un établissement scolaire aux Etats-Unis. Donald Trump s'est engagé à tout faire pour améliorer la sécurité dans les établissements scolaires. Mais le président américain a soigneusement évité d'évoquer de possibles restrictions sur les ventes d'armes à feu. Au Sénat en revanche, le sujet a été abordé, comme après chaque tuerie de masse.

Avec notre correspondante à Washington, Anne Corpet

La tête baissée, dans une tenue orange de prisonnier, Nikolas Cruz avait les mains enchaînées pour sa première comparution, ce 15 février. « C'est un garçon brisé, plein de remords » a assuré son avocate. Mais le jeune homme n'a pu que murmurer un « Oui, madame » à la juge qui lui signifiait son inculpation.

Après avoir tiré à l'aveugle dans cinq salles de classe successives, le tueur a abandonné son fusil d'assaut et le sac à dos qui contenait des chargeurs, a quitté le lycée en se mêlant à la foule des jeunes apeurés qui fuyaient le bâtiment et s'est rendu dans un supermarché puis dans un fast-food pour se restaurer. Il a été interpellé dans la rue, sans résistance, une heure et vingt minutes après avoir quitté la scène du carnage.

En septembre dernier, Nikolas Cruz avait posté un message sur les réseaux sociaux où il déclarait : « Je vais devenir un tueur professionnel en milieu scolaire ». Il a aussi publié des photos de lui avec des armes, et a acheté son fusil semi-automatique, à l'âge de 18 ans, tout à fait légalement.

Il avait été expulsé du lycée pour raisons disciplinaires et ses camarades avaient l'habitude de plaisanter à son sujet. « On se disait que si quelqu'un commettait une tuerie ce serait lui, il parlait tout le temps d'armes », a raconté un lycéen à la télévision. Nikolas Cruz est désormais en prison, sous un dispositif de surveillance particulier pour éviter qu'il ne se suicide. Il risque la peine de mort.

Le débat sur les armes à feu relancé

Ce 15 février, la séance au Sénat américain a débuté par une minute de silence en hommage aux victimes de la tuerie du lycée de Parkland. Cet instant de recueillement a été demandé par le sénateur démocrate de Floride, Bill Nelson, qui a ensuite plaidé pour que le Congrès agisse enfin pour interdire la vente de fusils semi-automatiques, comme l'AR-15, l'arme qu'a utilisée le tueur à Parkland.

« Allons à la source du problème, a déclaré Bill Nelson. A ceux qui disent que ce n'est pas le moment de parler de la violence des armes à feu parce que c'est trop tôt et qu'ils ne veulent pas politiser une tragédie, ce qu'ils répètent sans cesse, à ceux-là, je demande : quand est-ce que ce sera le bon moment ? Après la prochaine tuerie ? Ou après celle qui aura lieu ensuite ? Parce que cela ne va pas s'arrêter. Donc cessons de nous cacher. Ayons cette conversation maintenant. Ne discutons pas seulement de la maladie mentale, c'est une partie du sujet, pas seulement de la sécurité des écoles, c'est aussi une partie du sujet. Parlons de la cause profonde. Parlons de ce garçon de dix-neuf ans qui portait un AR-15. Faisons ce qui doit être fait. Et sortons ces fusils d'assaut de nos rues. »

Marco Rubio lui a succédé au perchoir. Egalement élu en Floride, mais côté républicain, il ne croit pas à l'efficacité d'une législation contre les armes à feu. « Vous pouvez voter une loi qui rend difficile l'acquisition d'une telle arme, a-t-il affirmé. Mais vous ne pourrez pas empêcher un homme décidé à l'utiliser d'en trouver une, parce qu'il y en a déjà tant. Il n'aura qu'à se la procurer au marché noir. Si quelqu'un est décidé à commettre un crime, il trouvera l'arme pour y parvenir ».

La question du renforcement des contrôles sur les ventes d'armes ressurgit après chaque tuerie. Mais elle est systématiquement évacuée sans qu'aucun texte ne soit voté. Malgré les massacres de plus en plus fréquents, les armes de guerre continuent de proliférer aux Etats-Unis.

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