Ingérences russes: la publication du mémo, «une opération de diversion»

Donald Trump a autorisé la publication d'un mémo sur la procédure de mise sur écoute d’un de ses anciens conseillers, estimant qu’il discrédite l’enquête menée sur les ingérences russes dans sa campagne.

« C'est une opération politique, de diversion », affirme Corentin Sellin. Pour l'historien et spécialiste des Etats-Unis, la publication de ce mémo controversé a sans doute été pilotée par Donald Trump qui voit se rapprocher de lui l'enquête menée par le procureur Mueller et le FBI sur les soupçons de collusion entre son équipe et la Russie. La publication de ce document viserait ainsi à la torpiller.

Vendredi 3 février, Donald Trump a publiquement mis en cause l'intégrité des plus hauts échelons du ministère de la Justice et du FBI, les accusant d'avoir « politisé » l'enquête sur les ingérences russes dans l'élection présidentielle en faveur de ses adversaires démocrates. Pour justifier ses critiques, le locataire de la Maison Blanche a approuvé la déclassification d'une note confidentielle, rédigée par Devin Nunes, le président républicain de la commission du Renseignement de la Chambre des représentants et fidèle soutien à Donald Trump.

A en croire cette note, l'enquête sur les ingérences russes et une éventuelle collusion avec la campagne du milliardaire lors de la dernière présidentielle aurait été biaisée depuis le début. Le FBI et le département de la Justice avaient demandé en automne 2016 la mise sur écoute d'un conseiller de la campagne Trump, soupçonné de liens suspects avec la Russie. Mais la soi-disante principale source des enquêteurs, un ex-espion britannique, avait été financée par les démocrates.

« Trump n’a jamais supporté cette enquête et ce mémo rédigé – on serait presque tenté de dire – à sa demande par Nunes lui permet de pouvoir jeter la pierre au FBI, de pouvoir essayer de discréditer la justice, et éventuellement même par la suite, d’interrompre l’enquête du procureur indépendant Mueller », analyse Corentin Sellin.

« Il veut réussir là où Nixon avait échoué », estime le spécialiste. Lorsqu'avait éclaté le scandale du Watergate, le président Richard Nixon avait lui-même tenté de mettre au pas l'administration de la Justice et son bras armé que représente le FBI. « Même si certains républicains pouvaient s’émouvoir de cette manœuvre, on a du mal à concevoir ce qui pourrait empêcher Trump de le faire, remarque encore Corentin Sellin. Ensuite on serait dans une crise inédite et qui est très difficile à prévoir ».

Partager :