De notre correspondante à Santiago,
Dans la nuit de jeudi à vendredi derniers, deux bombes incendiaires ont explosé dans des églises de Santiago, et des inconnus ont mis le feu à une troisième église, sans faire de blessés. D'autres engins explosifs hors d'usage ont ensuite été retrouvés dans plusieurs bâtiments religieux de la capitale. Certains étaient accompagnés de messages faisant référence au pape.
Des faits de violence qui ont beaucoup surpris : car si des inconnus ont mis le feu à une vingtaine d'églises dans le sud du pays ces trois dernières années, en marge du conflit avec les indiens mapuches, personne ne s'attendait à cela à Santiago.
En tout cas, ces attaques ont été unanimement condamnées. Elles n'ont pas été revendiquées, mais elles surviennent dans un contexte de forte défiance envers l'Eglise catholique au Chili.
L’athéisme en progression
Le Chili est le pays d'Amérique latine qui fait le moins confiance à l'Eglise catholique, et qui a l'opinion la plus négative du pape. Enfin, c'est le pays de la région dans lequel la religion a le plus perdu de terrain ces dernières années. En 1995, près de 75% des Chiliens se disaient catholiques, aujourd'hui, ils ne sont plus que 45%, ce chiffre inclut les personnes qui sont croyantes mais pas pratiquantes. Et contrairement à d'autres pays de la région, les catholiques ne se tournent pas vers les églises évangéliques par exemple. C'est plutôt l'athéisme qui progresse à grand pas ces dernières années.
Cette crise de confiance est liée notamment aux abus sexuels commis par des prêtres. En 2010, tout le pays a été profondément choqué par les révélations de victimes du curé d'une église de Santiago. Fernando Karadima était accusé d'avoir abusé de dizaines d'enfants et d'adolescents, et d'avoir été couvert pendant des années par sa hiérarchie. Le sujet est revenu sur le devant de la scène il y a environ deux ans quand un évêque proche de Fernando Karadima a été nommé dans le sud du Chili, et provoqué la colère des fidèles.
Interpellé sur le sujet lors d'une rencontre avec des catholiques au Vatican, François a parlé d'une polémique idiote, et souligné que cet évêque n'avait pas été condamné par la justice.
Des Chiliens choqués par le coût de la visite
Lors de visites dans d'autres pays, François a rencontré des victimes d'abus sexuels commis par des prêtres, au Chili ce n'est pas prévu pour l'instant. Au grand regret des victimes qui demandent depuis des mois à être reçus par le Pape lors de cette visite.
En plus de cela, beaucoup de Chiliens se sont indignés du coût de ce voyage pour le contribuable. Au total, la visite devrait coûter plus de 15 millions de dollars, dont une partie sera payée par les autorités chiliennes. « Il n'est pas normal » que cela se produise dans un état laïc, disent certains.
Ces derniers jours, beaucoup ont comparé cette visite avec celle de Jean-Paul II en 1987, à la fin de la dictature du général Pinochet. Même si le contexte était différent, tous soulignent que la ferveur était alors bien plus grande qu'aujourd'hui dans le pays.