Avec notre correspondante à Washington, Anne Corpet
Lorsque Larry Harmon, ancien militaire, s’est présenté en 2015 à son bureau de vote pour un scrutin local, il a constaté qu’il avait été rayé des listes électorales. C’est l’une des victimes de la loi votée en Ohio qui autorise l’Etat à suspendre le droit de vote des habitants qui ne sont pas déplacés aux urnes pendant deux ans, qui n’ont pas répondu à un courrier officiel les alertant sur cette situation et ont continué de s’abstenir pendant les quatre années suivantes.
Larry Harmon a porté l’affaire devant la Cour suprême : 7 500 électeurs de l’Ohio ont comme lui été rayés des listes et n’ont pas pu voter lors du dernier scrutin présidentiel.
Selon l’Etat, cette loi permet simplement de tenir les registres à jour et de lutter contre la fraude électorale. Mais les associations de défense des droits civiques arguent que le droit de vote est inaliénable et que rien ne contraint un électeur à faire son devoir électoral. Elles dénoncent également une pratique partisane qui viserait à écarter des urnes les citoyens les plus pauvres et ceux issus de minorités.
Des millions d'électeurs concernés
Les restrictions au droit de vote sont au cœur de nombreuses polémiques dans le pays. Six Etats ont adopté des textes similaires à celui de l’Ohio. La décision de la Cour suprême aura donc un impact sur des millions d’électeurs, à quelques mois des élections cruciales de mi-mandat.