Avec notre correspondant à Mexico, Patrick John Buffe
Depuis plusieurs d’années, les cartels de la drogue profitent du passage des migrants centraméricains pour les enlever. Pour les narcotrafiquants, c’est une source très lucrative de revenus, qui chaque année leur rapporte des millions de dollars. Car leur but est de les extorquer : ils demandent à leur famille une rançon en échange de leur liberté. Et si leurs parents ne peuvent pas payer, ils les exécutent.
Il s’agit souvent de kidnappings massifs. Des dizaines de sans-papiers voyageant ensemble sont interceptés, surtout dans le nord du pays, là où se croisent les routes des cartels et des migrants. Mais en plus du racket, leur enlèvement sert aussi au recrutement forcé d’une main-d’œuvre mise au service du crime organisé. Ils sont obligés de travailler comme passeurs de drogue, indicateurs, tueurs à gages, ou même comme esclaves sexuelles dans le cas des femmes migrantes.
En 2010, le massacre de 72 sans-papiers à San Fernando, au nord-est du Mexique, a mis en évidence les risques mortels qu’ils courent lorsqu’ils refusent de collaborer avec les cartels. Ce qui explique aussi les milliers de migrants disparus, trop souvent victimes de kidnapping.