Dans son émission télévisée et radiophonique hebdomadaire, Nicolas Maduro a annoncé la mise en place d'un « nouveau système de crypto-monnaie basé sur ses réserves pétrolières ». Son nom : le « petro ». Une mesure qui permettrait au Venezuela, selon le chef d'Etat, de « progresser en matière de souveraineté monétaire pour procéder à ses transactions financières malgré le blocus financier ».
Outre le pétrole – dont le Venezuela détient les réserves les plus importantes de la planète – cette nouvelle monnaie virtuelle sera basée sur le gaz, les stocks d'or et de diamants, a indiqué le président. « Cela nous permettra d'avancer vers de nouvelles formes de financement international pour le développement économique et social du pays », a déclaré le président vénézuélien.
Dettes et pénuries
Mis en difficulté par la chute des cours du pétrole, dont il tire 96% de ses devises, sanctionné par les agences de notation, le pays est acculé à restructurer une dette extérieure estimée à environ 150 milliards de dollars par certains experts, alors que sa population souffre déjà de graves pénuries d'aliments et de médicaments, faute d'argent pour les importer.
Le Venezuela et la compagnie pétrolière d'Etat PDVSA sont déjà considérés comme étant en défaut de paiement partiel par plusieurs agences de notation. Face à cela, Caracas accuse Washington de « persécution financière », après les nouvelles sanctions économiques imposées fin août par Donald Trump.
(avec AFP)
■ [Reportage] : « Ce n’est pas le moment d’essayer d’être créatif »
Avec notre correspondant à Caracas, Julien Gonzalez
Les Vénézuéliens étaient nombreux ce lundi à ne pas être au courant de la création du petro. Devant une banque de Caracas, Jose qui patiente pour retirer de l’argent est pour le moins surpris de la nouvelle.
« C’est la première fois de ma vie en 42 ans que j’entends une sottise pareille. La priorité, c’est de résoudre le problème du manque de billets. Ce n’est pas le moment d’essayer d’être créatif, le gouvernement doit résoudre la pénurie d’argent liquide ! »
A la différence de Jose, d’autres Vénézuéliens ont appris la naissance du petro. Mais là aussi, les avis sont très tranchés. Beaucoup, comme Magali, dénoncent « une farce ».
« Je ne crois pas du tout à cette monnaie : le gouvernement raconte beaucoup d’histoires à dormir debout afin de distraire les gens. C’est comme l’histoire du billet de 100 bolivars qu’ils ont retiré pour le remettre ensuite en circulation. Ce n’est pas du tout crédible, cela montre que Nicolas Maduro n’est pas conscient de la réalité ! »
Tandis que d’autres, comme Marcos, défendent le président Maduro « à 100 % » : « Comme l’agression de pays étrangers contre notre monnaie est très forte, le Venezuela a besoin de blinder son économie. Et comment se protéger ? Grâce à une monnaie virtuelle comme le petro. Et sa force, c’est sa valeur basée sur toutes les richesses que nous avons ici, que sont le pétrole, le gaz, les diamants et l’or et qui doivent être exploitées et mises au service des besoins du peuple. »
Les économistes assurent, eux, que la crise ne se résoudra pas sans véritables changements de la politique monétaire et économique du pays.