Pour éviter le défaut de paiement, le Venezuela dépendra de ses créanciers... Caracas doit coûte que coûte leur arracher le feu vert pour restructurer sa dette mais pour l’heure, la Chine son plus grand créancier, semble vouloir faire la sourde oreille. Faute d’autres choix, Pékin s’efforce à rester optimiste, rapporte notre correspondante à Pékin, Heike Schmidt.
« Nous sommes convaincus que le gouvernement du Venezuela et le peuple vénézuélien sont capables de résoudre leur problème de dette », a assuré le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Geng Shuang - tout en soulignant qu'« à présent, la coopération financière entre la Chine et le Venezuela se déroule normalement. »
La Chine a déjà beaucoup donné
Pas un mot sur une aide supplémentaire ou une restructuration des créances qui pourrait sortir le Venezuela du marasme financier. La Chine a déjà beaucoup donné : sur sa dette estimée à 150 milliards de dollars, Caracas doit 28 milliards aux banques chinoises. En dix ans, la Chine a arrosé le pays ami avec des prêts s’élevant à plus de 60 milliards de dollars – avec comme seule garantie l’assurance de Caracas de rembourser ses sommes via des livraisons de pétrole et des contrats lucratifs pour des entreprises chinoises.
Mais aujourd’hui, le cours du pétrole s’effondre et les entreprises chinoises fuient le chaos vénézuélien. Pour Pékin, qui investit des sommes faramineuses à l’étranger, le réveil est douloureux.
Inquiétude des Vénézuéliens
Réveil douloureux aussi chez certains Vénézuéliens comme Isbel Guillen, employée dans une papeterie. Elle redoute, à terme, la faillite du pays. « Je suis très préoccupée, explique t-elle à notre correspondant à Caracas, Julien Gonzalez. C'est clairement la faute du gouvernement et de tout ce qui a été volé, de tout ce qui a été mal dépensé, de tout ce qui a été offert ! Nous n'avions jamais vécu une situation économique pareille : on manque de nourriture, de médicaments, les salaires ne suffisent pas pour manger. J'ai peur de ce qui peut se passer : vu ce que l'on vit en ce moment, si l'on arrive à une situation encore plus critique, comment on va faire ? On va mourrir de faim ! »
Un scénario balayé par Lorenzo Sanchez qui dénonce « la guerre économique » menée contre Caracas. Pour ce serveur, le Venezuela est une puissance économique riche avec de vrais atouts. « Un défaut de paiement au Venezuela, ça n'arrivera jamais ! Comment un pays qui dispose de ressources énormes en eau, en gaz, en or, et surtout en pétrole pourrait être en banqueroute ! Et nous sommes l'un des pays du continent latino-américain qui possèdent le plus de capitaux. Donc cette annonce de défaut partiel, c'est un énorme mensonge ! C'est fait pour éloigner tous les investisseurs étrangers et créer une angoisse au sein de la population. »
Une population partagée et Caracas reste sous pression. Dans les prochains jours à New York, un comité d'investisseurs pourrait à son tour déclarer un défaut partiel pour le non-paiement d'une traite de plus d'un milliard de dollars.