Avec nos correspondants à Buenos Aires, Aude Villiers-Moriamé et Jean-Louis Buchet
Au QG de Cambiemos (« Changeons »), le parti du président, Ana exulte : « Je suis fière et heureuse parce que le peuple a pris conscience du changement en cours et demande avec confiance plus de changement. »
Avec près de 41% des voix au niveau national, Cambiemos obtient un triomphe, loin devant les péronistes, qui ne recueillent, toutes tendances confondues, que 25% des suffrages. L’analyste Orlando d’Adamo tire les leçons de ce succès de Mauricio Macri :
« Le gouvernement a obtenu une victoire qui le renforce pour les deux années à venir et pour la présidentielle de 2019. Avec plus de 40% des voix, Cambiemos s’installe comme le parti majoritaire. Et la nette défaite de l’ancienne présidente Cristina Kirchner dans la province de Buenos Aires est un coup très dur pour le péronisme. »
Malgré ses gains en sièges, Cambiemos n’aura pas la majorité au Parlement. Mais le soutien de l’opinion permettra à Macri d’accélérer son programme de réformes économiques et de viser sa réélection en 2019. L’hypothèque Kirchner levée, les investisseurs, notamment étrangers, devraient l’accompagner.
Défaite mais quand même élue, Cristina Kirchner reste immunisée
A Sarandi, en banlieue de Buenos Aires, où se trouve le quartier général de Cristina Fernandez Kirchner, l'ambiance se veut festive mais le coeur n'y est pas. Devant le stade, quelques centaines de militants déçus attendent le discours.
Pour Angelina Arce, l’ex-présidente est la seule capable de lutter contre les mesures d’austérité de Mauricio Macri : « Il faut qu’elle freine la politique de ce gouvernement ! Je vois beaucoup de famine et de chômage autour de moi. On a besoin qu’elle revienne, c’est un moment très difficile pour nous », déplore-t-elle.
Avec 37% des suffrages, Cristina Kirchner est arrivée deuxième derrière le candidat de Cambiemos, le parti au pouvoir. Ce qui ne l'empêche pas d'obtenir un siège de sénatrice, puisqu'un siège de sénateur est réservé à la liste arrivée en deuxième position. L’ex-présidente se veut confiante en l’avenir : « Nous savons que nous avons une grande responsabilité devant nous, et nous allons l’assumer avec détermination et énergie. Ici, rien ne se termine. Ici, aujourd’hui, tout commence ! »
Enseignante dans un collège de banlieue, Laura Grifoy espère voir Cristina Kirchner revenir un jour à la Casa Rosada, le palais présidentiel argentin : « C’est une personne qui a beaucoup de force, qui nous a aidés à nous en sortir dans le passé. Je sais qu’elle va travailler dur et proposer des choses importantes. »
Cristina Kirchner se veut toujours le leader d’un parti au sein duquel elle est rejetée par les dirigeants les plus jeunes. Elle entrera au Sénat en décembre. Son élection lui garantit une immunité parlementaire, qui lui permettrait de faire face aux affaires de corruption dans lesquelles elle est mise en examen.