Un peu plus de 18 millions d'électeurs vénézuéliens étaient appelés à voter pour élire les gouverneurs des 23 Etats du pays. Les bureaux de vote ont fermé bien plus tard que les 18 h prévues. Les deux camps avaient appelé, durant toute la journée, les citoyens à aller voter.
Selon les chiffres du Conseil national électoral vénézuélien (CNE), ces régionales sont un succès pour le camp Maduro, qui rafle 17 Etats contre cinq désormais aux mains de l'opposition, un Etat restant à définir. C'est un peu moins que la carte des régionales de 2012 et ses 20 Etats chavistes de l'époque.
Après la nette victoire de l'opposition aux législatives de 2015, et face aux instituts de sondages qui prédisaient jusqu'à une dizaines de postes pour l'opposition en fonction du taux de participation anticipé, les candidats gouvernementaux obtiennent donc une large avance, d'après les autorités électorales.
Notre correspondant à Caracas, Julien Gonzalez, rapporte qu'à peine les résultats annoncés, le président Nicolas Maduro s'est félicité de cette victoire, « un moment historique » selon lui. Son camp a rassemblé une dizaine de points de plus que l'opposition au niveau national.
L'opposition dénonce des fraudes et ne veut pas reconnaître sa défaite
« Le chavisme est vivant, il est dans la rue et il est triomphant ! », a lancé le chef de l'Etat, qui salue au passage le taux de participation (plus de 61 %, plus importante que d'habitude pour des régionales). « Aux Etats-Unis, ils sont loin d'avoir des chiffres comme ça », a-t-il fait remarquer.
« Nous n'avons pas gagné ces régions pour conspirer, pour brûler la ville ou détruire les gens. Nous avons gagné pour travailler », a martelé Nicolas Maduro, dont le pays est englué dans une longue crise politique, économique ou encore alimentaire avec une inflation totalement hors cadre.
Résultat symbolique dans cette nouvelle configuration, le parti présidentiel a réussi à récupérer l'Etat de Miranda, qui comprend quatre des cinq municipalités de Caracas et qui était depuis huit ans le fief d'Henrique Capriles, candidat de l'opposition lors des deux dernières élections présidentielles.
L'opposition vénézuélienne a pris la parole quelques minutes avant l'annonce de ces résultats dimanche soir, pour dénoncer selon ses mots de sérieux soupçons quant à ces résultats des autorités électorales. La MUD a ensuite annoncé qu'elle ne reconnaîtrait pas les résultat du CNE.
Les nouveaux gouverneurs devront reconnaître la Constituante
Le vote se déroulait après quatre mois de manifestations, entre avril et juillet dernier, à l'appel de l'opposition - des rassemblements qui ont fait 125 victimes -, mais aussi l'élection d'une Assemblée constituante en juillet, boycottée par l'opposition majoritaire à l'Assemblée nationale.
Pour sa part, le chef de l'Etat avait déjà prévenu que les nouveaux gouverneurs devraient prêter serment à la Constituante. Ce devra notamment être le cas dans l’Etat de Zulia, l’un de ceux remportés par un candidat de l’opposition.
Notre envoyée spéciale Marie Normand était sur place dimanche. Le vainqueur s’appelle Juan Pablo Guanipa. Issu de la coalition Table de l'unité démocratique (MUD), il remporte 51,6 % des suffrages dans cet Etat du nord-ouest, historiquement lié à l’opposition depuis les premières régionales (1989).
L'Etat de Zulia avait élu un proche d’Hugo Chavez en 2012, mais Francisco Arias Cardenas n’a pas été reconduit cette année. Son successeur pourra-t-il s’installer ? En tout cas, il dit qu'il ne prêtera allégeance à la Constituante « pour rien au monde », car cette dernière « n’existe pas » à ses yeux.
Des résultats électoraux largement commentés sur les réseaux sociaux
« C’est une mascarade. Une fraude, dit encore M. Guanipa. L'Assemblée constituante n’a pas été convoquée par le peuple comme cela est inscrit dans la Constitution », considère le nouveau gouverneur, qui a fait campagne, comme la plupart des autres candidats de l’opposition, sur le thème du changement.
Sa priorité, confie-t-il à Radio France Internationale, sera de pallier la crise économique qui touche son Etat, limitrophe de la Colombie. Le manque de nourriture, avant tout, et le manque de médicaments. A travers notamment un appel à l’aide humanitaire.
Sur les réseaux sociaux, très vite auprès l'annonce du CNE, de nombreux Vénézuéliens ont dénoncé, eux aussi, les résultats. Même à Maracaibo, malgré la victoire de Juan Pablo Guanipa, la fièvre de la victoire a été douchée. Tout le monde a les yeux désormais rivés sur les résultats nationaux.
D’autres internautes, au contraire, saluent ce lundi la victoire de la paix, de la démocratie, après les manifestations très violentes des derniers mois. Quant au président Maduro, il constate avec la victoire du PSUV que l’héritage de son prédécesseur Hugo Chavez a triomphé.