Brésil: la Cour suprême suspend l'extradition de Cesare Battisti

La Cour suprême brésilienne a suspendu vendredi 13 octobre l'extradition de l'Italien Cesare Battisti, condamné en 1993 pour meurtre dans son pays, en attendant de se prononcer sur le recours déposé par les avocats de l'ex-militant d'extrême gauche.

L'affaire Cesare Battisti se complique. Sur la page web de la Cour suprême, le juge Luiz Fux a ordonné hier que soit bloquée une éventuelle extradition de l'ex-militant italien d'extrême gauche, tant que la plus haute juridiction n'aurait pas rendu sa « décision définitive » sur la demande d'habeas corpus déposée par ses avocats, une procédure qui garantit au justiciable de ne pas être emprisonné avant d'être jugé.

Alors qu'il s'apprêtait à quitter le Brésil à bord d'un taxi bolivien le 4 octobre dernier, Cesare Battisti avait été arrêté lors d'un contrôle policier de routine et placé en détention provisoire. Il transportait 6 000 dollars et 1 300 euros, une somme supérieure au montant autorisé sans déclaration préalable. Il avait finalement été remis en liberté le 7 octobre.

Le président brésilien Michel Temer s'était prononcé pour l'extradition, mais a finalement décidé d'attendre que la Cour suprême se prononce avant de prendre une décision définitive. L'Italie multiplie les demandes d'extradition depuis des années. En 2009, la Cour suprême brésilienne avait donné son feu vert, mais le président Lula da Silva s'y était opposé. Une nouvelle tentative de renvoi était restée sans suite en 2011.

La dernière requête des autorités italiennes a cette fois reçu un bon accueil. En visite en Italie, le maire de São Paulo, membre du parti au pouvoir, a déclaré : « Nous ne pouvons pas protéger un criminel, l'extradition doit être appliquée ». Et le ministre de la Justice a estimé que Cesare Battisti avait trahi la confiance du Brésil en essayant de passer en Bolivie. Celui-ci a assuré qu'il avait eu simplement l'intention d'aller faire des achats.

L'ex-militant d'extrême gauche, figure des années de plomb dans son pays d'origine, a été condamné par contumace en 1993 par la justice italienne pour quatre meurtres et complicité de meurtres commis à la fin des années 1970. Il avait trouvé asile en France pendant 15 ans, avant de fuir au Brésil en 2004 pour échapper déjà à une possible extradition. « Une extradition qui serait illégale », a répété Cesare Battisti. La Cour suprême brésilienne doit se prononcer le 24 octobre prochain.

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