C'est par le biais de son organe de propagande officiel, Amaq, et de l'application de messagerie Telegram, que le groupe Etat islamique a revendiqué ce lundi la fusillade meurtrière perpétrée à Las Vegas, en présentant son auteur par son nom de guerre « Abou Abd el-Bir al-Amriki », un sexagénaire américain, comme « un soldat de l'Etat islamique ».
Perché dans un hôtel adjacent, surarmé, le tireur a été identifié comme Stephen Craig Paddock, un comptable à la retraite habitant la ville de Mesquite à 120 km de Las Vegas. L'homme n'avait aucun casier judiciaire et n'était pas connu des services de police. Il s'est apparemment suicidé avant que les policiers ne l'atteignent. A l'aide d'un outil comme un marteau, le tireur avait brisé les vitres de sa chambre pour pouvoir mieux ajuster ses tirs.
Le bilan de la tuerie a été révisé plusieurs fois à la hausse par les autorités locales, passant à 59 morts et 527 blessés. C'est le meurtre de masse le plus important de ces 25 dernières années aux Etats-Unis.
Jeudi, le chef de l'EI, Abou Bakr al-Baghdadi, était sorti d'un long silence pour demander à ses combattants acculés en Syrie et en Irak à « résister », tout en appelant à de nouvelles attaques contre les « ennemis » du groupe. Il avait ainsi appelé « les soldats du califat et les héros de l'islam » à poursuivre leur « jihad » et leurs attaques. Dans son communiqué, le groupe EI explique que l'attaque de Las Vegas a été menée en réponse à cet appel.
Pas de lien avec l'EI selon le FBI
A la suite de la revendication émise par le groupe EI, deux hauts responsables du gouvernement américain ont déclaré qu'aucun élément ne permettait d'établir un lien entre le tireur de Las Vegas et une quelconque organisation terroriste. Le FBI a confirmé pour sa part l'absence « jusqu'à présent » de lien avec l'entité jihadiste.
S'exprimant dans une allocution, Donald Trump n'a fait aucun commentaire sur l'état de l'enquête, et n'a pas mentionné la revendication du groupe jihadiste : « Hier [dimanche, ndlr] soir, un homme a ouvert le feu sur une large foule lors d'un concert de musique country à Las Vegas. Il a brutalement assassiné plus de 50 personnes dans un acte qui représente le mal absolu », a-t-il déclaré, précisant qu'il se rendrait à Las Vegas mercredi. « Notre unité ne peut pas être brisée par le mal, nos liens ne peuvent pas être défaits par la violence », a-t-il ajouté. Le président américain a observé une minute de silence à la Maison Blanche à la mémoire des victimes de la tuerie.
Plusieurs milliers de munitions au domicile du tireur
La police a lancé un avis de recherche pour la compagne du tireur, Marilou Danley. Les forces de l'ordre ont finalement pu lui parler. Elle se trouve à l'étranger, sans précision du pays, et n'est pas suspectée d'être impliquée. Le frère du tueur, Eric Paddock, est apparu stupéfait devant les caméras. Son frère, a-t-il dit, n'avait « pas d'affiliation religieuse ou politique » et « n'était pas du tout un fan des armes » et « il aimait jouer dans les casinos ».
Lundi soir, les policiers ont perquisitionné le domicile du tireur, à Mesquite, à 120 kilomètres de Las Vegas, où ils ont découvert des armes, des explosifs et des munitions. Les enquêteurs ont retrouvé « plus de 18 armes à feu supplémentaires, des explosifs et plusieurs milliers de munitions, ainsi que des appareils électroniques que nous étudions en ce moment », a indiqué le shérif de Las Vegas, Joseph Lombardo, lors d'une conférence de presse. Les enquêteurs n'ont pour l'instant pas trouvé de message du suspect pouvant expliquer son acte, a-t-il précisé.
(avec agences)
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♦ Réactions
- Le pape Francois a déclaré qu'il était « profondément attristé » par la « tragédie dénuée de sens »
- Le président français Emmanuel Macron a fait part de son émotion, estimant que les victimes étaient mortes de la « violence contemporaine »
- Le président russe Vladimir Poutine a adressé ses condoléances à Donald Trump dans un télégramme, qualifiant l'attaque de « crime » qui « choque par sa cruauté »
- En France, la Tour Eiffel a été éteinte lundi soir, en hommage aux victimes