Un chaleureux accueil a été réservé au pape François à son arrivée en Colombie, rapporte notre envoyé spécial à Bogota, Xavier Lenormand. Le président Juan Manuel Santos est ainsi venu le saluer dès sa descente de l’avion.
Tandis que résonnait une fanfare, des enfants agitaient des foulards blancs en signe de paix et de bienvenue. Puis, des jeunes en habit traditionnel ont exécuté devant les deux chefs d’Etat quelques pas d’une danse locale, la cumbia. Le pape François s’est ensuite dirigé vers le centre de Bogota. Il y a retrouvé des jeunes et des familles pour un autre moment festif, là aussi au milieu de chants et de danses.
En Colombie pour cinq jours, le chef de l’Eglise catholique se rendra dans quatre villes : Bogota, Villavicencio, Medellín et enfin Carthagène des Indes. Ce sera l’occasion pour le pape de dénoncer un paradoxe colombien : un peuple certes très catholique mais aussi un pays de grandes violences, de trafics en tous genres et de guérillas.
En revanche, malgré des demandes d'audience, aucune rencontre officielle n'est prévue entre le souverain pontife et un ancien membre des FARC. Selon le père Roberto Gomez interviewé par RFI, le pape François « ne peut pas donner une voix, un micro et une image à un mouvement qui est devenu politique ».
Pour ce fin connaisseur du Vatican, une telle rencontre serait « injuste ». « Les autres partis ne seraient pas d'accord » et se demanderaient « pourquoi ce parti et pas d'autres ». En revanche, une rencontre en privé n'est selon lui pas exclue.
Soutien au processus de paix
Par ce voyage « un peu spécial », selon ses propres mots, le pape François veut aider la Colombie à « aller de l’avant sur son chemin de paix ». Un processus engagé par le président Juan Manuel Santos, prix Nobel de la paix 2016 pour avoir signé un accord de paix avec les FARC. Le texte a mis fin à un conflit de 53 ans avec les guérilleros, rappelle notre correspondante à Bogota, Marie-Eve Detoeuf.
La Colombie vit en matière de paix un moment assez unique. D'abord car près de 7 000 combattants des FARC ont déposé les armes cette année. La plus vieille guérilla d'Amérique est devenue un parti politique vendredi dernier.
Ensuite parce que la petite guérilla de l'ELN, encore active, est arrivée lundi à un accord avec le gouvernement pour un cessez-le-feu bilatéral de trois mois, à partir du 1er octobre. Du jamais vu. « C'est le premier miracle de la visite du pape », a déclaré Pablo Beltran, le très marxiste négociateur de l'ELN.
Enfin, même les narcotrafiquants s'y mettent. Mardi, Dario Usuga, alias Otoniel, est apparu pour la première fois à visage découvert à la télévision. Otoniel, qui dirige le Clan du Golfe, la plus grande organisation mafieuse du pays, dit maintenant vouloir se livrer aux autorités.
La conjoncture est donc très favorable à une visite d'un pape, soucieux de paix. En matière de réconciliation, François a beaucoup à dire.
■ Un processus de paix qui divise dans l'Eglise catholique
Cette réconciliation concerne aussi l'Eglise catholique, dont certains responsables étaient opposés au processus de paix, rappelle l'anthropologue colombien Fabian Sanabria.