Avec notre correspondant à Caracas, Julien Gonzale
C'est l'image forte de ce samedi 5 août. Moins de 4 heures après l'annonce de la destitution de Luisa Ortega Diaz par la Constituante, le ministère public dispose déjà de son nouveau procureur général de la République. C'est en effet aux alentours de 16 heures locales que Tarek William Saab, jusque-là Défenseur du peuple – sorte de médiateur en charge de la défense des droits de l'homme – a prêté serment devant les membres de la Constituante.
Proche de l'ancien président Hugo Chavez, Luisa Ortega Diaz présidait le ministère public depuis 2007. Mais depuis début avril, elle a multiplié les prises de positions très critiques contre le gouvernement de Nicolas Maduro. Mercredi 2 août, elle avait notamment annoncé qu'elle ouvrait une enquête sur de possibles manipulations quant au scrutin de la Constituante de dimanche dernier.
Régulièrement la cible des critiques de l'opposition, le nouveau procureur s'en est pris directement, dans son discours d'investiture, à celle qui l'a précédé, la tenant pour responsable des nombreuses victimes de la crise de ces derniers mois.
« Une dictature vaincue à qui il ne reste que la peur pour exercer le pouvoir »
L'intéressée, Luisa Ortega Diaz, n'a pas tardé à réagir. Face à ce qu'elle qualifie d'attaque « contre la Constitution », elle a assuré « qu'elle ne se rendrait pas » et qu’elle continuerait à dénoncer les violations contre les droits de l’homme dans le pays. Quant à l'opposition, fidèle soutien de Luisa Ortega Diaz depuis le début de la crise, elle a fustigé cette décision, la qualifiant de signe d'une « dictature vaincue à qui il ne reste que la peur pour exercer le pouvoir ».
Mais les décisions de la nouvelle Constituante ne s'arrêtent pas à l'ex-procureure générale de la République. Les élus ont également approuvé « un décret d'urgence et de restructuration du ministère public », augurant de possibles limogeages à venir de certains fonctionnaires de cette institution.