Venezuela: l'Assemblée constituante limoge la procureure générale

Au Venezuela, les membres de la nouvelle Assemblée constituante ont pris place ce samedi dans le salon elliptique, la plus grande salle du Parlement, pour leur première session de travail. L'Assemblée a relevé de ses fonctions la procureure générale de la République qui s'est révélée depuis le début de la crise l'une des seules voix discordantes au sein des institutions de l'Etat. Sur le plan diplomatique, les pays voisins du Mercosur ont suspendu le Venezuela pour « rupture de l'ordre démocratique ».

Avec notre correspondant à CaracasJulien Gonzalez

La nouvelle Constituante n'a donc pas tardé à mettre sa menace à exécution. A la manœuvre : l'homme fort du parti chaviste au pouvoir, Diosdado Cabello, qui fait partie des nouveaux élus. C'est lui qui avait été le premier à lancer un avertissement à l'encontre de la procureure générale de la République, ses jours à son poste seraient comptès dès que l’Assemblée constituante serait investie.

La mesure a été prise à l'unanimité par les élus de la Constituante après la lecture de la décision rendue par le Tribunal suprême de justice. La plus haute autorité judiciaire a suspendu ce samedi Luisa Ortega Diaz à la tête du Ministère public pour de supposées « fautes graves dans l'exercice de ses fonctions ».

Mais selon la Constitution, c'est à l'Assemblée nationale de destituer la procureure générale de la République. Or les députés, majoritairement d'opposition, avaient déjà affirmé tout leur soutien à Luisa Ortega Diaz. Un obstacle que le Constituant Diosdado Cabello a contourné en invoquant le statut de « souveraineté » de la Constituante par rapport aux autres pouvoirs.

Répétant qu'il ne s'agit pas d'un « lynchage personnel », il a immédiatement proposé le nom de son successeur, précisant que ce serait « à titre provisoire » : Tarek William Saab est l'actuel Défenseur du Peuple, sorte de médiateur, fortement critiqué par l'opposition.


Le Mercosur exclut le Venezuela

Avec notre correspondant à Sao Paulo,  Martin Bernard

Le Venezuela a été suspendu du Mercosur, le marché commun du Cône sud de l’Amérique latine. La décision a été prise ce samedi par les ministres des Affaires étrangères du bloc réunis à Sao Paulo.

Le Brésil et l’Argentine sont venus à bout des réticences de l’Uruguay. Les chefs de la diplomatie ont finalement décidé à l’unanimité de suspendre le Venezuela et de réclamer le rétablissement de l’ordre démocratique.

Les partenaires du Mercosur ont durci le ton à l’égard de Nicolas Maduro en appliquant la clause démocratique du groupe, après avoir lancé plusieurs avertissements en raison de la détérioration de la situation sur le terrain. Le mois denier, les chefs d’Etat du Mercosur avaient demandé des éclaircissements au Venezuela, lors du sommet de Mendonza, en Argentine, mais cela n’avait pas été suivi d’effet.

La décision a été prise au Brésil, qui vient d’assumer la présidence tournante du Mercosur, et qui avait convoqué cette réunion pour évoque la « rupture de l’ordre démocratique » au Venezuela, une expression mentionnée à plusieurs reprises dans le communiqué final.

Un petit groupe de réfugiés vénézuéliens était aussi venu protester contre le régime Maduro devant la mairie de Sao Paulo, où étaient réunis les ministres des Affaires étrangères du Mercosur.


«Si vous faites partie de l’Amérique latine, vous êtes démocrate»

Jorge Faurie, le ministre des Affaires étrangères argentin, justifie les sanctions politiques contre le Venezuela : « Ce n’est jamais une bonne chose d’avoir à pousser un frère vers la sortie, mais nous l’avons fait avec conviction parce que nous sommes face à une situation qui nous cause grand-peine. Nous voyons des gens se faire tuer, nous voyons la répression. Comme l’a bien dit le ministre brésilien Aloysio : " finis les morts, finie la répression ". C’est quelque chose qui ne se mesurera jamais en termes économiques ou commerciaux. La perte des échanges commerciaux ou quoiqu’il puisse se passer, tout cela n’a pas d’importance. Ce que nous disons ici, c’est que vous ne pouvez pas tuer votre peuple, vous ne pouvez pas supprimer les droits, vous devez respecter la liberté. C’est cela la démocratie.. Et si vous faites partie de l’Amérique latine, vous êtes démocrate. Si vous n’êtes pas démocrate, alors vous ne faites plus partie de l‘Amérique latine ».
RFI

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