Avec notre correspondant à New York, Grégoire Pourtier
Après avoir longtemps caché qu’il avait eu deux entretiens avec l’ambassadeur russe à Washington, Jeff Sessions avait été contraint de le reconnaître. Mais il avait insisté sur le fait que ses discussions avec Sergey Kisliak n’avaient en rien porté sur la campagne électorale ou sur les perspectives d’une présidence Trump pour la Russie. Or l’ambassadeur russe a lui-même dit le contraire à sa hiérarchie, comme l’a révélé le Washington Post, citant des sources au sein des services de renseignement américains.
Et si Sergey Kisliak s’était joué des « grandes oreilles » américaines ayant interceptées des conversations téléphoniques avec ses supérieurs à Moscou ? Toute la journée de samedi, les analystes se sont perdus en conjectures sur le sens de ces révélations.
Car si l’on ne connaît pas précisément la teneur de ce que Sergey Kisliak a fait remonter, on sait au moins que cela contredit la ligne officielle de Jeff Sessions. Alors que l’actuel ministre américain de la Justice assure que ces discussions entraient dans le cadre de son rôle de sénateur, Kisliak laisserait entendre que les sujets étaient moins anodins.
Brouiller les cartes ?
Mais l’ambassadeur est expérimenté, il sait qu’il peut être sur écoute, et certains pensent donc qu’il a pu tenir certains propos rien que pour brouiller les cartes. Et puisque rien n’est clair, certains se demandent d’où vient l’information du Washington Post ? Samedi matin, Donald Trump a dénoncé les fuites, sans rien dire du fond de l’affaire. Pourtant, il pourrait bien lui-même en profiter, en écartant Jeff Sessions.
Le président avait déjà enfoncé son ministre de la Justice cette semaine. Il lui reproche de s’être trop vite révoqué dans l’enquête sur ce dossier russe. Vouloir le remplacer par quelqu’un qui accepterait de freiner les investigations du procureur spécial aurait du sens, selon de nombreux observateurs.