Le revenu universel en test au Canada

Une province canadienne, l’Ontario située au centre du pays, a décidé de mettre en place un revenu universel. Pour l’instant, il s’agit d’un projet pilote de trois ans, versé à 4 000 personnes. L’Ontario vient d’investir 35 millions d’euros par an pour financer ce projet. Cette idée soutenue en France par Benoît Hamon, le candidat socialiste à l'élection présidentielle n'a cessé de faire polémique. 

De notre correspondante,

Les personnes concernées ont entre 18 et 65 ans et habitent l’une des trois municipalités suivantes : Hamilton, Lindsay à partir de juin et Thunder Bay à l’automne. Elles vont être tirées au sort et vont recevoir 11 419 euros par an avec 4 000 euros supplémentaires pour les personnes handicapées. Tout autre revenu supplémentaire diminuerait cette allocation de base à hauteur de la moitié de ce gain. C’est un sénateur conservateur, donc de droite, qui a proposé cette idée à la Première ministre de l’Ontario, Kahtleen Wynn, une libérale, soit un parti centriste.

Cette idée de revenu universel transcende donc bien les partis politiques au Canada. L’idée est de trouver un moyen de sortir les gens de la pauvreté notamment dans des régions frappées par le départ des grandes usines. Selon ce projet pilote, le revenu minimum remplacerait les programmes sociaux existants, notamment celui versé aux gens qui ne travaillent pas, ou l’aide aux handicapés.

Dauphin, au Manitoba, une ville pionnière

Un projet pilote un peu similaire a eu lieu dans la municipalité de Dauphin, au Manitoba, un peu plus à l’Ouest de l’Ontario. Entre 1974 et 1978, le gouvernement de cette province, alors dirigée par un parti de gauche, a accordé un crédit d’impôt à un tiers des adultes les moins argentés de cette localité de 8 000 habitants.

Résultat des courses, le nombre d’hospitalisations dûes à des problèmes de santé mentale a diminué, et davantage de jeunes hommes ont entrepris des études. Ils avaient moins besoin de subvenir rapidement aux besoins de leur famille. Cette mesure a pris fin quand le pouvoir a changé de mains à la tête de la province car les dirigeants avaient d’autres priorités.

Objectif: sortir de la pauvreté

Un des buts de l’OBIP(Ontario Basic Income Pilot) ce projet pilote de revenu de base, c’est de comprendre si les personnes qui reçoivent de l’aide de l’Etat pour subvenir à leurs besoins parviendront à sortir de la pauvreté avec une telle mesure. En effet, l’Ontario compte de plus en plus de personnes sous le seuil de pauvreté, soit environ 13% de la population. Pour survivre, il leur faut postuler à plusieurs programmes sociaux, aide au logement, subvention pour la garde d’enfants, aide médicale, des démarches qui prennent du temps et mobilisent beaucoup de fonctionnaires.

Le gouvernement ontarien fait le pari que verser l’argent directement aux premiers concernés va réduire les frais administratifs et être davantage incitatifs. Les études sur l’impact de ce type de revenu universel montrent en effet que les personnes qui les reçoivent ne semblent pas moins enclines à travailler que les autres. Elles veulent agir pour leur communauté. Par contre, certains se demandent si certains patrons ne vont pas tenter de moins payer leurs travailleurs en prétextant qu’ils peuvent compter sur un revenu de base.

Partager :