Un revenu universel pour les Français?

Le revenu universel de base fait de plus en plus d'adeptes dans la classe politique française. A son tour, Manuel Valls s'empare du sujet avec la réforme des minimas sociaux inscrite dans le projet de loi de finance présenté ce mardi après-midi à Bercy.

 

Cette réforme est une première étape vers l'instauration d'un revenu universel de base. Un moyen pour le Premier ministre de prendre date avec un projet concret pour se distinguer des parrains déjà déclarés du revenu de base.

Ils sont de plus en plus nombreux : à droite, Frédéric Lefebvre, candidat malheureux à la primaire du parti Les Républicains, tout comme la passionaria conservatrice Christine Boutin ou l'ancien ministre des Affaires étrangères Dominique de Villepin y sont favorables ; à gauche, entre autres Delphine Batho ou Benoît Hamon, frondeur et candidat déclaré à la présidentielle, soutiennent aussi la mise en place de ce revenu de base. Cette utopie apparait de plus en plus comme un projet réalisable au XXIe siècle.

C'est un concept de droite ou de gauche ?

Cela dépend des objectifs qu'on alloue à ce revenu universel. Des économistes libéraux sont favorables à un revenu de subsistance remplaçant tous les dispositifs existants dans l'espoir de désengager l'État et d'alléger la facture. D'autres y voient une étape ultime de l'État providence. Pour Camille Lambert, du Mouvement français pour un revenu de base, l’association qui milite en faveur de ce nouveau droit, cela doit signifier une amélioration de la protection sociale. Pas question d'en conditionner l'accès, ou d'exiger des contreparties.

Le revenu doit être un nouveau droit pour tous, universel. En commençant par la réforme des minimas sociaux, Manuel Valls s'écarte donc de ces principes, estime l'association. Il se contente d'aménager ce qui existe pour les plus fragiles, comme les sans-emploi et handicapés qui bénéficient déjà d'allocations spécifiques. L'entourage du Premier ministre reconnait n'avoir pas encore trouvé le mode d'emploi, mais espère bien en faire un sujet du débat des prochaines élections.

Quelles sont les vertus qu'on prête aujourd'hui au revenu universel de base ?

Au moment où le travail se raréfie, c'est un moyen d'assurer un revenu décent à chacun qu'il ait ou non un emploi. La peur du robot a contribué à rendre cette idée populaire. C'est aussi un moyen de limiter l'explosion des inégalités en fixant un matelas minimum. Les expériences menées en Namibie en 2008 et à partir de 2011 en Inde ont aussi démontré que c'était un outil de développement.

C'est aussi perçu en Europe comme une voie à explorer pour ramener vers l'emploi les décrocheurs ceux qui préfèrent l'assurance d'une assistance faible à un emploi mal rémunéré. Le revenu universel serait un remède à un système social incapable de tenir ses promesses. En Europe, plusieurs expériences sont en cours. En Finlande, 2 000 personnes vont recevoir une allocation mensuelle d'environ 500 euros.

L'Alaska qui a été l'un des pionniers du revenu universel de base est rattrapé aujourd'hui par la question de son financement

En 1976, cet Etat pétrolier a créé un fonds abondé pendant des décennies par les revenus record issus de l'or noir. Ils sont ainsi redistribués à toute la population avec des variations en fonction des dividendes. Il n'y a pas de vocation sociale à ce revenu universel. C'est au contraire parce qu'ils sont convaincus que l'argent sera mieux utilisé dans le portefeuille des citoyens que dans les caisses de l'État que les dirigeants de l’Alaska l'ont mis en place.

Mais il joue un vrai rôle d'amortisseur social pour les plus démunis. Avec la crise pétrolière, cette rente est remise en cause. L'Etat est en déficit, et il s'apprête à réduire de moitié l'enveloppe distribuée chaque année au mois d'octobre. Il y a des recours en ce moment. On verra dans les prochains jours si l'Alaska préserve ou non son modèle.

 

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