Comme en février dernier, lors de la rencontre entre Donald Trump et le Premier ministre japonais Shinzo Abe, la Corée du Nord a tiré un missile balistique en direction de la mer du Japon ce mercredi 5 avril.
Cette nouvelle provocation du régime de Pyongyang, à la veille du sommet, risque fort de dominer les discussions à Mar-a-Lago. Depuis plusieurs semaines Washington exhorte Pékin à mettre la pression sur son turbulent voisin. Dimanche dernier, dans une interview au Financial Times, Donald Trump a même laissé planer la menace d'une intervention militaire unilatérale, si la Chine tergiversait trop longtemps.
Faire pression sur Pyongyang
Le dossier le plus important, d’après Susan Thornton, chargée de l’Asie au département d’Etat, est clairement la menace posée par la Corée du Nord. « Vous avez vu la déclaration du secrétaire d’Etat (Rex Tillerson) : "le temps des paroles est terminé." C’est ce qu’il a dit aussi lors de son voyage en Corée du Sud et au Japon. Ce que nous attendons, c’est l’aide de la Chine pour qu’elle fasse pression. C’est notre priorité absolue », a affirmé Susan Thornton au micro de notre correspondante à Washington Anne-Marie Capomaccio.
La Chine, en tant que plus proche allié de Pyongyang, est considérée par Washington comme la clé pour résoudre le problème nord-coréen. Mais ses pressions à l'encontre de Kim Jong-un sont très mesurées, en raisons des conséquences géopolitiques d'un éventuel effondrement du régime. Donald Trump va donc très probablement exiger de Xi Jinping qu'il fasse davantage pression sur sur son allié pour faire plier le régime nord-coréen concernant les essais nucléaires.
Probable bras de fer
Mais Xi Jinping, lui, va tout faire pour réorienter le débat sur la question de l'installation du bouclier anti-missile américain en Corée du Sud. Il ne transigera pas non plus ni sur la mer de Chine, ni sur Taiwan et le principe d'une seule Chine, analyse notre correspondante à Pékin, Angélique Forget.
D'autant qu'à l'automne prochain, Xi Jinping doit se faire réélire pour un nouveau mandat par le Bureau politique du parti communiste chinois. Il sait qu'il est scruté et doit donc se montrer intransigeant notamment sur les questions diplomatiques. Pour le président chinois cette rencontre est un bras de fer dont il doit ressortir gagnant.
Autre sujet sensible, la question du commerce, au moment où les Etats-Unis affichent un record de déficit avec la Chine. La Maison Blanche entend réduire les barrières à l'investissement et aux échanges créés par les Chinois. Tandis que les questions du climat et des droits de l'homme seront les grandes absentes de ce sommet.
De son côté, la presse officielle chinoise ces derniers jours a fait part de son optimisme : elle parle « d'empressement partagé » entre les deux pays à l'égard de cette rencontre.
■ Les discussions économiques s'annoncent houleuses
Tout au long de sa campagne électorale, Donald Trump n’a cessé de s’en prendre à Pékin. Selon lui, la Chine manipule sa monnaie et fait pencher la balance commerciale en sa faveur, elle vole les emplois des Américains et frappe de taxes indues les importations américaines.
Donald Trump devrait aborder, frontalement, toutes ces questions. Et en premier lieu, celle du déficit des Etats-Unis avec la Chine. Un déficit qui a représenté 350 milliards de dollars en 2016.
Pékin impose, aujourd’hui, des droits de douane de 25% sur les importations de voitures et limite les importations de nombreux produits agricoles dont le bœuf et le porc. L’objectif du président américain est clair, il veut réduire les barrières à l'investissement, créées par les Chinois.
L'échange entre les deux premières puissances économiques devrait, donc, être musclé. Sauf que la réalité est plus complexe. En guise de cadeau de bienvenue, Pékin vient, en effet, après des années de procédure, d’autoriser le groupe immobilier du président, à déposer la marque Trump en Chine.
Xi Jinping pourrait également annoncer de nouveaux investissements aux Etats-Unis, avec pour objectif que Donald Trump n'agite pas encore une fois la menace d'une taxe à 45% sur les importations chinoises. Une de ses promesses de campagne, qui serait une très mauvaise nouvelle pour Pékin.