Mexique: le gouvernement exhorte ses entreprises de boycotter le mur

Le Mexique voit toujours d’un mauvais œil le mur que veut construire le président Donald Trump à la frontière. Mais cette fois, la préoccupation des autorités mexicaines porte sur l’éventuelle participation d’entreprises mexicaines. Le gouvernement du président Peña Nieto a tenu à les mettre en garde.

Avec notre correspondance à Mexico,

A priori, les entreprises mexicaines voulant participer à la construction du mur ne peuvent pas être sanctionnées. En effet, le Mexique n’a pas de lois qui puissent restreindre la liberté économique des entreprises nationales. Cependant, ça n’a pas empêché le gouvernement mexicain de leur dire que c’était dans leur propre intérêt de ne pas participer à ce projet.

Dans un premier temps, le ministre des Affaires étrangères, Luis Videgaray, a demandé aux entreprises mexicaines de se regarder dans la glace et de faire un examen de conscience avant de prendre toute décision. Car selon lui, la construction du mur ne doit pas être considérée comme une opportunité économique, mais bien comme un acte « inamical ».

Les consommateurs mexicains prêts au boycott

Quant au ministre de l’Économie, Ildefonso Guajardo, il s’est voulu menaçant en insistant sur la fibre patriotique des Mexicains. Il a mis en garde les entreprises qui ne soutiendraient pas l’identité nationale, car elles pourraient être boycottées par les consommateurs mexicains. Il faut rappeler que, depuis janvier dernier, le président Peña Nieto a appelé de manière insistante à l’unité nationale et que des manifestations anti-Trump ont eu lieu dans tout le pays.

La plupart des Mexicains voient comme une offense ce mur et le fait qu’ils puissent avoir à le payer. Ils demandent donc aux sociétés nationales de renoncer à leur participation malgré les énormes bénéfices que pourrait leur assurer ce projet de construction. Des Mexicains ont d’ailleurs déjà appelé à boycotter une petite compagnie, Ecovelocity, qui s’est inscrite sur le site internet du gouvernement américain pour fournir des lampes LED, destinées à illuminer le mur côté mexicain.

Une stratégie payante ?

Ce premier boycott et les menaces à peine voilées du gouvernement semblent de nature à faire fléchir les entreprises mexicaines. Ainsi, la multinationale Cemex, l’un des plus grands producteurs de ciment au monde, a déclaré qu’elle ne participerait pas directement à la construction du mur pour éviter toute controverse. En revanche, le cimentier, très présent aux Etats-Unis, n’a pas voulu s’exprimer sur la possibilité de fournir du ciment aux entreprises qui auront gagné les appels d’offres du gouvernement américain !

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