De notre correspondant à São Paulo
La mairie est passée à l’action. Une série de fresques murales sur une grande avenue de la ville a été entièrement repeinte en gris. João Doria est venu lui-même effacer quelques graffitis pour avoir un peu moins de pollution visuelle, dans une ville qu’il veut belle. « Cidade Linda », « belle ville », c’est le nom du programme qu’il a lancé dès son arrivée à la mairie.
Il ne se dit pas contre les fresques murales, mais il souhaite avant tout faire le ménage, leur réserver certains espaces mais sans débordement, et sans graffitis sauvages. Il voudrait s’inspirer, en fait, d’un quartier de Miami, où la tentative d’encadrer les graffeurs a bien réussi.
« Les graffeurs sont des bandits »
João Doria a promis une tolérance zéro, une expression qui avait été utilisée contre la violence à New York, une « tolérance zéro » donc, mais à l’égard des tagueurs. Ce week-end, le maire a encore haussé le ton. Il a estimé qu’il n’y avait pas « de dialogue possible avec les délinquants ». « Tous les graffeurs sont des bandits », a-t-il déclaré.
Les tagueurs pourraient recevoir une amende de 50 000 reais, soit plus de 15 000 euros. Et s’ils ne peuvent pas payer, ils devront exécuter des services de voirie ou de jardinage. Pour surveiller la ville, la mairie peut compter sur le soutien des 38 000 chauffeurs de taxi, qui pourraient sonner l’alerte quand ils repèrent un graffeur. Et il y a déjà eu plusieurs arrestations à São Paulo.
Indignation des artistes
Les réactions de surprise, voire d’indignation, se sont multipliées de la part des artistes, qui vivent cela comme une forme de répression. Ce genre de mesures va au contraire stimuler la révolte des tagueurs, estiment-ils.
Mais la population en général voit cette initiative d’un bon œil. Elle a l’espoir que sa ville si chaotique, si confuse, redevienne un peu moins barbouillée, un peu moins défigurée - même si cela passe par la destruction de quelques fresques murales. Et le maire joue là-dessus. Ce week-end, en visite dans un quartier populaire, il a posé la question : « Alors, le graffeur est un bandit ou non ? » Et la majorité de répondre : « Oui, oui, bien sûr ! »
Comme chaque maire, João Doria veut laisser sa marque dans une mégalopole gigantesque. Ce n’est pas un homme politique, il vient plutôt du marketing. Il veut une ville plus rangée. Et après les tagueurs, il a déjà trouvé une autre cible : le Carnaval. A la fin du mois, il souhaite le discipliner, avec moins de fêtes dans la rue, et extinction des feux à 22 heures.