Le jour de l’investiture du nouveau président américain le New York Times publie en Une : « La justice et les services de renseignement américains examinent des communications et transactions financières russes interceptées. Ceci fait partie de l’enquête sur de possibles liens entre des officiels russes et des associés du nouveau président américain Donald Trump, y compris son ancien chef de campagne, Paul Manafort. » Et le quotidien d’expliquer : « Donald Trump prêtera donc serment alors que ses associés font l’objet d’une enquête et que les services de renseignement avaient déjà conclu que le gouvernement russe l’ont aidé à être élu ».
Sentiment d’incertitude
Ce qui prévaut dans la presse aujourd’hui, c’est un sentiment d’incertitude. Et selon USA Today, ce n’est pas étonnant. « Car nous avons beau connaître ses trois femmes, ses cinq enfants, ses six banqueroutes, son come-back, son show télévisé, ses succès financiers et son étonnante victoire en novembre, de facto nous ne savons pas grand-chose du nouveau président. Nous n’avons même aucune idée de ce qui compte pour Donald Trump, ce qui, pour lui, est sacré ».
Dans la même veine, le Miami Herald écrit : « La présidence de Donald Trump commence aujourd’hui. Donc, « ça » commence aujourd’hui, peu importe ce que « ça » va être. Mais sérieusement. Arrêtons-nous tous un instant, poursuit l’éditorialiste. Prenons une grande, grande inspiration et... donnons sa chance à Donald Trump ».
Que doit faire Donald Trump pour rassurer ?
« Sa toute première priorité doit être d’unifier un pays profondément divisé », estime le Plattsburgh Press Republican. « Pour cela, il doit absolument faire preuve de plus de retenue. Donald Trump doit aussi se montrer plus ouvert concernant son programme. Un président doit être capable de communiquer, d’expliquer et de justifier ses décisions. Les Américains veulent connaître les détails de ses initiatives, et ne pas seulement entendre des platitudes sur l’avenir rayonnant qui les attend ».
Le quotidien Anniston Star de l’Alabama ne croit plus : « Nous espérions que le poids de son mandat changerait cet homme, le rendrait meilleur. Mais ce n’est pas ce qui s’est passé. Dans les mois qui ont suivi son élection, Donald Trump a continué à insulter des héros nationaux comme John Lewis, les médias, les services de renseignement, à diffuser de fausses informations, et a refusé de prendre ses distances avec Vladimir Poutine. Certains espèrent toujours que le poids de la Maison Blanche assagira l’attitude peu présidentiable de son nouveau locataire. Mais si Donald Trump n’arrive pas à se maîtriser, alors ce sera au Congrès de prendre ses responsabilités » conclut le Anniston Star qui évoque là sans le dire, l’impeachment - la destitution.
La presse latino-américaine inquiète
Le quotidien mexicain Diario des Istmo résume en Une assez bien le sentiment général qui prévaut aujourd’hui en Amérique latine, avec ce titre : « La menace arrive ». « Si nous ne sommes pas encore angoissés, nous sommes pour le moins très mal à l’aise. Ce qui est le cas de la plupart des régions du monde et notamment de l’Amérique latine et des pays de la Caraïbe », note, de but en blanc, le quotidien jamaïcain The Gleaner.
Rien que le choix des membres de sa future administration n’augure rien de bon, croit savoir le journal colombien El Espectador. Car « pour la première fois depuis 30 ans cette équipe gouvernementale ne compte aucun membre d’origine latino-américaine ».
Dans la presse du continent, on se souvient encore très bien des attaques de Donald Trump contre les Latino-Américains durant sa campagne électorale. Et c’est peut-être la raison pour laquelle El Heraldo, du Honduras, fait aujourd’hui appel à l’aide divine en écrivant : « Le jour tant craint est arrivé. Quand Donald Trump prononcera la célèbre formule « So help me God », « que Dieu me vienne en aide », nous prierons pour qu’elle nous protège également de lui ».
Les espoirs
Mais en Amérique Latine aussi, les éternels optimistes existent. Et ce sont surtout ceux qui pensent pouvoir tirer profit d’une Amérique qui sous une présidence Trump deviendrait peu crédible aux yeux de la communauté internationale. À l’instar du Canada, écrit le site Prince George Citizen, pays qui pourrait du coup être une alternative plus sûre pour des pays et des multinationales et ainsi conclure des contrats d’investissement et des coopérations stratégiques.
Un certain espoir, quoique timide, se dégage aussi des colonnes de la presse d’opposition au Nicaragua. « Si Donald Trump ne cache pas sa sympathie pour l’autocrate Vladimir Poutine, il a aussi sévèrement critiqué des dictatures à Cuba et au Venezuela », fait remarquer La Prensa. « Et en privé, le nouveau président américain a même qualifié notre président, Daniel Ortega de « sale type ». Selon les premiers signaux envoyés depuis Washington, Daniel Ortega et les autres dirigeants autoritaires du continent ne peuvent pas espérer des vents du Nord qui leur soient favorables ».